Le bras de fer entre le mouvement islamiste Hamas et le mouvement Fatah, pilier de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), signataire des accords d'Oslo avec Israël, se poursuit. Les déclarations tranchantes, parfois à la limite de la décence émanant des responsables des deux camps, provoquent beaucoup d'appréhensions dans la rue palestinienne, où les gens sont persuadés qu'à ce train-là, les divergences risquent d'être réglées dans les rues, par la force des armes, surtout après l'annonce du président Mahmoud Abbas de l'arrêt des discussions entre les deux principaux mouvements palestiniens, pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. Dans ce qui a été jugé comme prélude à ce qui pourrait survenir dans les territoires palestiniens prochainement, le cortège du ministre de l'Intérieur Saïd Siam, issu du Hamas, a essuyé des coups de feu dimanche à Ghaza. Khaled Abou Hilal, son porte-parole, a accusé des « traîtres d'avoir ouvert le feu » en vue de l'assassiner. Quatre suspects ont été arrêtés. Quelques heures auparavant, des dizaines de membres de la force exécutive dépendant du ministre Saïd Siam avaient occupé un poste militaire appartenant à la force préventive, un des services sécuritaires les plus puissants de l'Autorité palestinienne. Ce service sécuritaire, qui a activement lutté contre le Hamas en arrêtant des dizaines de ses militants avant la présente Intifadha déclenchée en l'an 2000, est détesté par le mouvement islamiste et ses partisans. Pour sortir de l'impasse politique qui empoisonne l'atmosphère dans les territoires, le président Mahmoud Abbas pourrait recourir à des élections législatives et présidentielle anticipées, ce qui a été jugé comme un coup de force par les responsables du Hamas. Le président Abbas a rencontré plusieurs fois en novembre le Premier ministre du Hamas Ismaïl Haniyeh pour tenter de finaliser un accord sur ce gouvernement. Mais ils n'ont pas réussi à aplanir leurs divergences sur son programme politique et sur l'attribution des portefeuilles clés. Abbas avait annoncé, le 30 novembre dernier, l'échec de ces pourparlers. Le président palestinien estime cependant que des élections anticipées seront inutiles si le Hamas assouplit ses exigences et permet la formation d'un cabinet d'union nationale, selon le député Moustapha Barghouthi, membre du CEOLP. « Ce faisant, il (le Hamas) pourrait mettre un terme au siège qui est imposé au peuple palestinien, et il serait inutile de tenir de nouvelles élections », a déclaré Barghouthi. La législature actuelle doit normalement s'achever à la fin 2010, et la Loi fondamentale palestinienne ne prévoit pas d'élections anticipées. Ces tiraillements entre les deux pôles politiques palestiniens, qui prennent l'allure d'un conflit pour le pouvoir plus que pour autre chose, n'arrangent nullement les citoyens palestiniens, victimes d'un embargo international féroce, couple à un blocus israélien hermétique, dont les retombées économiques et politiques sont catastrophiques. Extension de la misère Impuissants, ils plongent de jour en jour plus profondément dans la misère. Le taux de pauvreté touche actuellement près de 80% des familles palestiniennes surtout avec l'arrêt du paiement des salaires de plus de 160 000 fonctionnaires de l'Autorité palestinienne depuis la composition du gouvernement par le Hamas en mars dernier et les retombées sur toute la machine économique. Ghaza : De notre correspondant