L'immigration sera une fois de plus un thème fort de campagne électorale française. C'est le cas pour la présidentielle de 2007. Les débats s'annoncent âpres. Se servant de casquette de ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy a annoncé lors d'une conférence de presse, lundi, le programme et les projets du candidat déclaré de l'UMP, notamment la nomination d'un ministre en charge de l'immigration, l'adoption d'un traité international. « Le débat sur l'immigration a été trop longtemps accaparé par deux idéologies extrêmes, celle de l'immigration zéro et celle de l'ouverture sans limite aux frontières », a-t-il dit. Selon Nicolas Sarkozy, les difficultés ne proviennent pas de l'immigration en soi, mais de la manière dont elle est organisée depuis quarante ans. « Ce qui domine, c'est l'immigration sans emploi, sans qualification. » Il a redit que la France subissait encore les conséquences des « politiques de régularisations massives décidées par des gouvernements de gauche » de 1981 à 1997. « La régularisation de 80 000 clandestins en 1997 a donné un grand signal d'ouverture dans le monde entier », a-t-il estimé. « Or, la France n'a pas les moyens d'accueillir tous ceux qui veulent venir », en soulignant qu'il manquait 500 000 logements sociaux et que le taux de chômage des étrangers se situait autour de 20%. « Rupture » Le ministre de l'Intérieur estime avoir impulsé une « rupture » dans la politique de l'immigration depuis 2002 et jeté les bases d'une « immigration choisie et régulée ». « C'est une rupture qui est le résultat direct de notre politique de fermeté et de rigueur », a-t-il insisté, affirmant avoir redressé la barre « d'un navire qui était à la dérive ». « La France est un pays ouvert, mais pas un terrain vague où l'on s'installe au gré du vent. » « Les chiffres de l'immigration régulière démontrent que 2005 a été une année de rupture », a-t-il ajouté. Il a souligné que le nombre des titres de séjour s'établissait à 187 000, soit une baisse de 2,6% par rapport à l'année précédente. De 2000 à 2003, en revanche, le nombre des titres de séjour s'était accru « dans des proportions considérables » de 150 000 à plus de 191 000, a-t-il avancé. De même, Nicolas Sarkozy a annoncé que 33 000 migrants illégaux avaient été refoulés pendant les 11 premiers mois de l'année 2006 avant leur entrée sur le territoire français et que les reconduites à la frontière avaient « doublé en trois ans, passant de 10 000 en 2002 à 20 000 en 2005 ». Régularisation au cas par cas, pour le PS Par ailleurs, le secrétaire national du parti socialiste chargé de l'égalité et du partenariat, Faouzi Lamdaoui, a estimé que les propositions du candidat Sarkozy sur l'immigration, comme la création d'un ministère chargé de cette question, reflètent une « méconnaissance des enjeux ». « Il devrait plutôt renforcer les moyens de sa propre administration », a ajouté Faouzi Lamdaoui, avant de dénoncer « la confusion des rôles de ministre et de candidat ». Quant au traité prôné par le ministre-candidat, « les organisations internationales comme l'ONU ne l'ont pas attendu pour l'inscrire depuis plusieurs années dans leur agenda », a ajouté le secrétaire national du PS. Le projet socialiste pour 2007 s'est prononcé pour une régularisation au cas par cas des sans-papiers au bout de 10 ans de présence effective sur le territoire français. Le FN courtise les Français d'origine étrangère Même le Front national courtise les électeurs d'origine étrangère et arrondit les angles sur la question de l'immigration. Pour illustrer ce thème, une des sept affiches de la campagne de son candidat, Jean-Marie Le Pen met en scène une jeune femme au teint mat posant sur le slogan : « Nationalité, assimilation, ascenseur social, laïcité. Droite/gauche : ils ont tout cassé ! ». Dans l'appel de Valmy, en septembre dernier, Jean-Marie Le Pen s'était déjà adressé aux Français de toutes origines. Le FN annonce vouloir prendre en compte « les difficultés des Français d'origine immigrée face aux problèmes de cohésion sociale ». « Un certain nombre de Français d'origine immigrée sont conscients de cet échec et entendent obtenir des réponses. Beaucoup d'entre eux se tournent vers le candidat Jean-Marie Le Pen pour en obtenir », a expliqué la directrice stratégique de la campagne présidentielle du FN, Marine Le Pen. Jean-Marie Le Pen affirme vouloir rassembler tous les Français « quelles que soient leurs origines ethnique, religieuse ou politique », en axant sa campagne autour du slogan : « Tous ensemble, relevons notre France ». Le dirigeant du FN est en troisième position dans les sondages derrière la socialiste Ségolène Royal et l'UMP Nicolas Sarkozy, tous deux au coude à coude. Paris De notre bureau