Le projet fait rêver. Il séduit, intéresse et suscite l'engouement de plus en plus de monde. Qu'ils soient entrepreneurs, urbanistes, architectes, ingénieurs ou plus récemment étudiants des différents instituts de technologie ou des grandes écoles, ils ouvrent grand leurs oreilles. L'aura du projet «Alger Smart City» dépasse les frontières de l'Algérie. En France, en Allemagne ou aux Etats-Unis, nombreux sont ceux qui s'y intéressent et s'informent sur le sujet. La frénésie du numérique gagne Alger et peut apporter la plus value dont la ville blanche a tant besoin. A court terme, le projet pourrait drainer des investissements étrangers et créer un réseau de start-up complémentaires et très compétitives. Le concept de «ville intelligente» ne se résume point à une histoire de ville connectée, dotée d'un réseau de capteurs sans fil qui peuvent mesurer et récolter plusieurs paramètres intéressants pour une meilleure gestion de la ville. Il est un pas en avant pour l'amélioration de la qualité, de la performance et de l'interactivité des services urbains, la réduction des coûts et de la consommation de ressources et surtout l'accroissement des contacts entre les citoyens et les administrateurs. Et c'est sur ce dernier point que le bât risque de blesser. Car une ville intelligente est avant tout une démocratie, une vision. Pour ce faire, Alger à l'instar des capitales du monde doit recouvrir le statut de mairie. Un dirigeant élu et porteur de projet permettrait la participation des citoyens à la vie démocratique de la ville et l'identification commune des besoins. Il s'agit avant tout de trouver des solutions à leurs préoccupations. Or, en l'état actuel des choses, avec une administration imposée, déficiente, incompétente, bureaucratique et voire même méprisante, le concept de ville intelligente ne peut hélas se frayer un chemin tranquille. Le risque d'imposer des solutions technologiques toutes faites, sans réfléchir à leur intégration dans l'environnement existant, mène à des «villes censurées». Loin de douter des bonnes intentions et du dynamisme du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, la réalité du terrain révèle l'étendue des entraves et les lourdeurs enregistrées dans l'exécution des programmes et leur assujettissement à des procédures lourdes et contraignantes. Certains porteurs de projets ne cessent, en off, de nous faire part de l'arrogance de certains administrateurs et leur mépris envers une jeunesse dynamique, innovatrice et intelligente. Pourtant, dans la présentation du projet sur le site de la wilaya, l'appel lancé concerne tout le monde, les étudiants en premier lieu. Malheureusement, le décalage entre la volonté affichée et la réalité est grand. Un schisme énorme sépare les deux dynamiques. Quoi de plus logique en fait qu'un projet tel qu'«Alger Smart City», futuriste à souhait, soit mené par ceux qui vivront le futur.