La secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, accuse l'ancien ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb, d'avoir tenté de «brader» la Société nationale du tabac et des allumettes (SNTA) au profit d'un groupe émirati. Pour sa part, le premier responsable du groupe automobile Elsecom, Abderrahmane Achaïbou, persiste à dénoncer le fait que le même Abdessalem Bouchouareb lui a demandé «indirectement» de l'argent en échange du déblocage de ses activités. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, fait du dossier des privatisations son véritable cheval de bataille. Après avoir fustigé Abdelhamid Temmar, Mme Hanoune a accusé hier ouvertement l'ancien ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb, d'avoir tenté en novembre 2016 de vendre à 100% la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) aux Emiratis. Une entreprise qui réalise un chiffre d'affaires, selon elle, d'environ 3900 milliards de centimes par an, ce qui veut dire qu'elle n'est nullement déficitaire. Le 24 janvier 2018, en dépit de l'instruction du président de la République, les responsables de la SNTA ont cédé dans l'illégalité absolue le service production au groupe émirati, alors qu'ils avaient déjà accepté de céder la succursale commerciale à l'époque de Bouchouareb. Outrée, la pasionaria du PT a dénoncé des «pratiques maffieuses», estimant que la SNTA n'est qu'un échantillon d'une vaste opération de liquidation et de bradage du secteur public. «Il s'agit là d'une privatisation par étape. Pourquoi un partenariat avec le groupe émirati alors que la SNTA est en bonne santé ? Mieux, l'Etat a renouvelé l'outil de production de la SNTA avant de la céder au groupe émirati qui n'a apporté aucun plus. C'est un scandale», dénonce Mme Hanoune, persuadée que le pays a été appauvri par les opérations maffieuses et que la politique de privatisation ne profitera qu'aux oligarques. La leader du PT est revenue dans le détail sur la genèse de cette affaire et surtout comment les Emiratis ont contourné la règle des 51/49%. Bouchouareb, explique Louisa Hanoune, a donné son accord pour le partenariat émirati, mais le partenaire social n'a pas été associé à cette opération de siphonage, ce qui a engendré le licenciement sans aucune indemnisation de 1100 travailleurs, qui ont été recrutés à nouveau dans le cadre de CDD et l'entreprise a tenté, d'après elle, de corrompre des travailleurs via des pots-de-vin, en vain. «Le directeur de cette entreprise est connu pour ses pratiques maffieuses et il a des antécédents judiciaires. Bouchouareb a tenté de privatiser la SNTA à 100%, mais il n'a pas eu raison de la résistance des travailleurs qui ont dit non au bradage de leur outil de production et à l'intervention des pouvoirs publics», note Mme Hanoune. La privatisation de la SNTA a commencé par les unités commerciales. «Au départ la partie algérienne détenait 49% des actions et les Emiratis 41%, puis quatre autres Emiratis sont entrés en lice et chacun avait 2%, en plus d'une autre femme qui sort de nulle part et obtient 2%, ces cinq personnes soutiennent le groupe émirati. Aujourd'hui, le groupe émirati détient 51% des actions de la SNTA avec un faux registre du commerce. Ce sont des pratiques maffieuses. Il s'agit là d'un bradage d'une entreprise qui réalise un chiffre d'affaires de 3900 milliards de centimes», s'exclame Mme Hanoune, accusant en outre les Emiratis d'utiliser une matière dangereuse pour la santé du consommateur. Une initiative pour une sortie de crise La patronne du PT interpelle l'actuel ministre de l'Industrie et le président de la République pour l'ouverture d'une enquête sur cette affaire et sur toutes les opérations visant le bradage et la dilapidation des biens publics. Elle réclame aussi l'abrogation du code de l'investissement qui permet tous ces dépassements et l'annulation de la charte pour le partenariat public-privé. «Le pays est pillé par certains affairistes et maffias et par des pseudo-investisseurs qui viennent avec un simple registre du commerce. Toutes ces opérations de partenariat visant à dépouiller le pays doivent être annulées», suggère Louisa Hanoune. Sur le front social, la pasionaria du PT a dénoncé la «judiciarisation» des mouvements de grève et de manifestations et invite une fois de plus le chef de l'Etat à intervenir, car il y va de la sécurité nationale. Par ailleurs, le Parti des travailleurs débattra, lors des travaux du comité central, de l'initiative politique à même de répondre à la situation actuelle. «C'est une initiative pour une sortie de crise. Nous allons poser une série de questions de fond et tenter d'y répondre et c'est à partir de cet objectif que découlera la forme que prendra notre initiative. Le système a montré ses limites», déplore Louisa Hanoune.