L'économie mondiale est à un tournant, et même si ce n'est pas le scénario le plus probable, une récession américaine liée à l'immobilier ne peut être exclue, a averti hier la Banque mondiale (BM). L'institution financière internationale table sur une croissance mondiale de 3,2% l'an prochain dans le monde, après 3,9% cette année. Les pays en développement devraient faire beaucoup mieux (+6,4%) que les pays riches (+2,4%) en 2007, après une dichotomie similaire en 2006 (+7% contre +3,1%). La BM juge que de nombreux facteurs pourraient entraîner « un ralentissement plus marqué », notamment lié aux marchés immobiliers. Elle dresse un parallèle avec le début du XXe siècle, qui avait connu une forte croissance. La Banque mondiale cite quatre grands risques : une crise immobilière pourrait provoquer une récession aux Etats-Unis. Le marché s'est retourné cette année et il y a un risque que le ralentissement soit beaucoup plus important, souligne la BM, selon laquelle, « un tel choc provoquerait une récession aux Etats-Unis ». Une période de surchauffe de l'économie mondiale pourrait entraîner ensuite un ralentissement plus marqué. De plus, « des pressions inflationnistes pourraient continuer à apparaître » et on ne peut exclure que les prix des matières premières augmentent encore. Un choc pétrolier pourrait perturber la croissance. Les déséquilibres mondiaux pourraient avoir des problèmes à se résorber en douceur. Pour la Banque mondiale, le risque à moyen terme est que les ajustements se fassent par le biais financier, si par exemple « les investisseurs perdent rapidement confiance dans le dollar, provoquant une crise des changes, des taux d'intérêt beaucoup plus élevés et un affolement des marchés financiers ». Le rapport intitulé « Gérer la prochaine vague de la mondialisation » consacre une large part aux défis et aux opportunités de la globalisation des marchés. « Le nombre de personnes ayant moins de 1 dollar par jour pour vivre pourrait être réduit de moitié, de 1,1 milliard actuellement à 550 millions en 2030 », a estimé François Bourguignon, économiste en chef de la BM. Mais « certaines régions, notamment l'Afrique, courent le risque de rester à la traîne » et « les inégalités de revenus pourraient s'accentuer dans bien des pays », a-t-il ajouté. La mondialisation « intensifiera probablement » les pressions sur le patrimoine mondial. La BM estime par ailleurs que le réchauffement planétaire constitue un « risque grave », avec une hausse des émissions annuelles de gaz à effet de serre de l'ordre de 50% d'ici à 2030. Pour éviter cela, les responsables politiques devront promouvoir une croissance « propre », affirme-t-elle.