Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi En dépit d'un climat économique morose dans une bonne partie de la planète, l'Algérie demeure parmi les pays qui semblent «tirer le mieux leur épingle du jeu» en maintenant un taux de croissance positif en 2009 et 2010. Ce sont les conclusions du dernier rapport actualisé de la Banque Mondiale, Perspectives économiques mondiales 2009, publié, hier mardi. Selon l'institution multilatérale, le taux de croissance de l'Algérie dépasse de peu le taux de croissance moyen de l'ensemble des pays en développement, lequel devrait s'établir, selon ses prévisions, à +2,1%. A l'échelle africaine, il est constaté que la croissance de l'Algérie dépasse celle de l'Afrique du Sud, première puissance économique du continent, pour laquelle la BM prévoit un taux de croissance de seulement +1% pour 2009 et +3,1% pour 2010. L'institution avait déjà indiqué que l'Algérie a affiché une croissance en hausse en 2008 avec un taux de 4,9% contre 3,1% en 2007, alors que se poursuivaient, à un rythme soutenu, les gains de croissance, à hauteur de 6% dans le secteur non pétrolier, notamment dans la construction et les services liés aux projets d'infrastructure. La BM ajoutera que l'Algérie est «en bonne posture pour faire face aux effets de la crise financière internationale» ; à la fin du mois de septembre 2008, les réserves du pays s'élevaient à 140 milliards de dollars, soit 30 milliards de dollars de plus, comparé à la fin de 2007. Ainsi, il ressort de ces chiffres que, malgré cette baisse du taux de croissance, le rythme reste tout de même positif étant donné que le taux est même supérieur à celui de la première économie du continent africain, à savoir l'Afrique du Sud. Il va sans dire aussi que les prévisions de la BM concernant toute la région Moyen-Orient et Afrique du Nord demeurent positives. Les chiffres indiquent que cette région «tire, semble-t-il, le mieux son épingle du jeu» avec une croissance à peine 0,3 point en dessous du taux de 3,3% initialement prévu. Cependant, la BM n'a pas manqué d'attirer l'attention sur les effets de la chute des prix du brut. Laquelle banque confirme, encore une fois, que le PIB des pays exportateurs de pétrole ne devrait augmenter que de 2,9% en 2009 contre 4,5% en 2008, par suite de la baisse des recettes pétrolières. En sus de la chute des prix du pétrole, ces pays auront aussi selon la même institution à faire face à la chute spectaculaire des prix des produits de base qui «sera lourde de conséquences», souligne le document. S'agissant de l'ensemble des pays, particulièrement ceux industrialisés, la même publication a signalé un recul de l'activité mondiale de -1,7%. Un chiffre enregistré pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, en raison d'une chute de 2,9% de l'activité dans les pays les plus riches. Le PIB continuerait de reculer de 3% dans les pays de l'OCDE et de 2% dans les autres pays à revenu élevé, a expliqué la BM. L'institution multilatérale qui chiffre pour la première fois l'intensité de la récession ne cache par ailleurs que dans les pays en développement, la croissance devrait ralentir fortement tout en restant positive à 2,1% contre 5,8% en 2008, précisant que «sans la Chine et l'Inde, la croissance serait nulle». Le commerce mondial sera également touché par cette récession qui s'avère de plus en plus menaçante. La BM, en fait, a prédit une chute historique du volume du commerce mondial de biens et services en 2009, de 6,1% par rapport à 2008, entraînée par une baisse encore plus forte des échanges de produits manufacturés. Et pour contrer cette menace, elle a annoncé, hier, la création d'un fonds de 50 milliards de dollars (environ 38 milliards d'euros) pour le soutenir. Pour l'année prochaine, les experts de la BM sont également sceptiques quant à un retour de la croissance. «Même si la croissance redevient positive en 2010, la production restera faible, les tensions budgétaires iront en croissant et les niveaux de chômage continueront à augmenter dans la quasi totalité des pays pendant une bonne partie de 2011», regrettent les rédacteurs du rapport. Dans le même registre, les experts de la BM prévoient que le PIB mondial devrait enregistrer une modeste progression de 2,3% en 2010, mais si une crise de la balance des paiements venait à se produire dans une région en développement, elle pourrait se révéler difficile à contenir et risquerait de compromettre le redressement de l'économie mondiale.