Il pleut, partout, beaucoup. Il pleut comme s'il en pleuvait des millions de litres sur une terre qui était poudreuse il y a une semaine. Bref, la nature a aidé l'homme là où l'homme a avoué son impuissance. Premiers bénéficiaires, les vendeurs de parapluie. En second, les agriculteurs, les industriels et les particuliers qui sont connectés au réseau. Enfin, troisième bénéficiaire, le ministre Sellal, qui retrouve ainsi sa fonction principale, celle d'organiser la récolte de l'eau afin de la redistribuer. Et qui retrouve enfin un sens à son métier, à son salaire et à ses avantages socioprofessionnels. Si évidemment ce n'est pas de sa faute quand il ne pleut pas, il y a quand même un problème de fond dans la gestion de l'eau. Des cités sèches durant des mois, de l'eau juste le matin pour les plus chanceux et de grosses perturbations dans l'ensemble du réseau. Depuis des décennies que le problème de l'eau se pose, rien ou presque n'a été réglé. Les stations de dessalement n'en finissent pas d'être finies, les barrages passent leur temps à s'envaser et surtout les pertes de l'ordre de 50% dues à l'état des canalisations font perdre à l'Algérie la moitié de son eau, c'est-à-dire une saison entière pour chaque saison de pluie, soit une année d'eau chaque année ainsi gâchée. Que faire ? Tout. Réparer les fuites, activer le dessalement, forer, prier, agiter les nuages, secouer les cieux. Et pourquoi pas fabriquer de l'eau. Les chimistes le savent, l'eau est un élément relativement sommaire. Une molécule d'oxygène, deux molécules d'hydrogène. L'hydrogène est partout, c'est l'atome le plus simple et le plus répandu dans l'univers. L'oxygène est gratuit, il y en a dans l'air. Il suffit donc de les assembler en brisant les forces répulsives et islamo-conservatrices qui empêchent les atomes de s'unir. Et surtout, faire vite. Avant la privatisation de l'air.