Les locataires de l'avenue Souidani Boudjemâa tentent d'en minimiser l'ampleur et refusent de parler de crise. C'est un conseil national extraordinaire déterminant que le Front des forces socialistes (FFS) tiendra demain pour trancher la question de l'organisation d'un congrès extraordinaire. Une échéance statutairement obligatoire provoquée par la démission du député Ali Laskri de son poste de l'instance présidentielle (présidium). Une troisième démission après celles de Saïda Ichalamène et de Rachid Halet. Il ne reste que Mohand Amokrane Cherifi et Aziz Bahloul à la tête de cette instance, créée lors du dernier congrès. De fait, cette structure de direction devient caduque. L'article 47 des statuts du parti stipule à cet effet : «Si le nombre des membres de l'instance présidentielle est réduit à moins de trois, un congrès extraordinaire est convoqué pour élire une nouvelle instance présidentielle.» Et le député de Boumerdès — anciennement premier secrétaire national — réclame la tenue d'un congrès extraordinaire conformément aux textes du parti. De toute évidence, cet épisode met au grand jour des désaccords internes sur la manière avec laquelle sont gérées les affaires du parti. Une crise organique qui cache difficilement une brouille politique. Les locataires de l'avenue Souidani Boudjemâa tentent d'en minimiser l'ampleur et refusent de parler de crise. Moins visible politiquement, le FFS passe sous silence nombre de questions d'importance nationale. Ses interventions publiques se raréfient. Un choix ? Pas si sûr tant la tâche première d'un parti politique de surcroît de l'opposition est d'aider à l'explication et la compréhension des conjonctures politiques et d'en proposer des perspectives. S'il est vrai que le FFS s'est employé à échapper de «calquer» son agenda sur celui imposé par le pouvoir politique, il n'en demeure pas moins que son «silence» déroute. D'autant que le FFS fait de «la réhabilitation du politique et de la politique» un de ses leitmotivs. Le temps de l'opposition ferme et radicale en portant le fer contre le pouvoir politique est loin. La fougue avec laquelle il a remué le champ politique national n'est plus sa langue officielle. Un positionnement jugé «trop conciliant». En tout cas moins dérangeant. Il a pris forme dans la généreuse initiative de «construction d'un consensus national» aux contours aussi vagues qu'imprécis. Des années après son lancement, elle n'a pas rencontré d'écho et le parti n'a pas non plus fait le bilan de cette démarche qui a manifestement échoué. Cette posture actuelle a fait perdre au parti son influence et son champ d'action s'est rétréci. En coulisses, nombre de cadres du FFS ne partagent pas l'attitude officielle du parti. Ils souhaitent une présence plus accrue dans l'espace politique, d'autant que le pays est confronté à de multiples enjeux. C'est le non-dit de la crise qui couve au parti depuis des années. La réunion du «parlement» du parti demain peut bien constituer l'occasion de débattre en toute liberté ces questions. Pour peu que toute la direction du parti fasse le choix d'assumer un débat libre et contradictoire. Et pourquoi pas, à terme, aboutir à une réconciliation de la grande famille du FFS. C'est la seule voie de salut pour un parti dont le combat démocratique a grandement besoin.