A Aghvala, Tala Moumen, Taourirt, Taima, Tizi n Djiber, Takorabt, 1004, et d'autres villages, la vie est soumise à une litanie de carences. Nous sommes les oubliés des officiels, ravalés au rang de citoyens de seconde zone. On ne se rappelle de nous qu'à l'occasion des échéances électorales, durant lesquelles on nous promet monts et merveilles. Des promesses qu'on s'empresse d'oublier, sitôt les élections passées», fulmine un retraité d'Ath Djellil, rencontré au village d'Aghvala. A la faveur d'une récente virée dans cette circonscription hors du temps, nous avons eu à toucher du doigt le destin tragique de ces petites gens de la campagne. A Tala Moumen, Taourirt, Taima et dans les autres villages, le panorama est partagé entre les rares lambris dorés, pâtés de masures et chaumières tombées en déshérence. En ces temps de renouveau saisonnier, la nature s'est parée de ses plus beaux atours. On s'enivre de l'air vivifiant de la montagne, chargé des effluves du printemps. Néanmoins, ce calme rédempteur, comme cette image idyllique, dissimulent une réalité peu ragoûtante. «Ici, nous manquons de tout. C'est le dénuement le plus total. Au risque de me tromper, je peux avancer que notre commune est la plus déshéritée de la wilaya», peste un citoyen du village Taourirt. Et à un autre citoyen de Tizi n Djiber de faire chorus : «Il n'y a que la petite école primaire qui rappelle l'existence de l'Etat. Sinon, pas l'ombre d'une structure de proximité ou d'un quelconque équipement public de base au village.» Tout aussi aigri, un autre villageois de Tala Moumen peste contre le sort de son village. «J'ai du mal à croire que nous soyons encore obligés de nous en aller, par monts et par vaux, en quête d'une entité administrative, d'un dispensaire ou, plus grave, d'un point d'eau potable», souligne-t-il. La vie à la campagne, insistent-ils, est ainsi grevée par une litanie de carences. Cependant, convient-on, l'absence de navettes de transport est la plus pénalisante. «Nous n'avons rien au village. Et pour vaquer à quelque occupation que ce soit, il faut un moyen de transport, lequel reste pour l'heure un mirage», dispose un habitant du village 1004 (en référence à son altitude). «C'est une situation très handicapante. Les moyens de l'Etat font défaut, quant aux transporteurs privés, ils préfèrent desservir les villes de la Soummam, nettement plus rentables que nos villages de montagne», explique un jeune du village Takorabt, non sans émettre le vœu de voir les pouvoirs publics se pencher sur cette problématique. Pour s'extraire de la quadrature du cercle, des cohortes de villageois ont, nous informe-t-on, déserté leur clocher pour aller s'installer sous des cieux pas forcément plus cléments. Les autres s'accrochent vaille que vaille à leur crête, en se sustentant des virtualités incertaines de l'avenir.