Le réconfort après de longs efforts : outre les 4600 et 6500 tonnes de fonte en gueuse vendues en juillet 2017 à Marghera et Taranto en Italie, depuis le redémarrage du complexe, ont pu être exportées, il y a quelques semaines, vers le Maroc, quelque 5000 t de brames et 3200 t de bobines, annoncent, fièrement, MM. Amouri, Benramoul et Bahi. Car bien des années après la longue éclipse, c'est le retour, timide soit-il, du complexe sidérurgique Sider sur l'arène internationale. «3200 tonnes de bobines, notre produit phare, est certes une quantité insignifiante, mais c'est un bon début. «Pour l'instant, les coûts de production sont loin d'être suffisamment maîtrisés. Considérant la folie qui s'est emparée, ces dernières années, des prix du coke -matière première principale- sur le marché international, il nous sera difficile d'exporter plus de bobines. En l'espace de quelques années, la tonne de coke est passée de 100 à 280 et 320 dollars», explique un responsable du service exportation de l'usine, précisant au passage : «Si les bobines chinoises, nos concurrentes, parviennent à préserver leur place sur le marché international, c'est grâce à la grande maîtrise des coûts de production. A titre d'exemple, avec les mêmes prix d'achat du coke, la bobine produite à El Hadjar revient à plus de 500 $/ la tonne, alors que sa concurrente chinoise revient à moins de 400 $. Et ce, malgré les coûts symboliques dont bénéficie le complexe d'El Hadjar pour se fournir en gaz, électricité et eau, comparativement à ce qui se pratique chez ses concurrents chinois». Aussi, renchérit notre source, «le marché de la sidérurgie est, faut-il le souligner, fortement exigeant en matière de qualité et de normes. Les plus répandues sont les normes allemandes (DIN), Afnor (France) et CE (Union européenne). Tous ces facteurs, ne pouvaient-ils pas agir autant sur les ventes du complexe, sous le règne de l' ex-partenaire indien ArcelorMittal ? Surtout lorsqu'on sait qu'en 2007, par exemple, 300 000 tonnes de produits sidérurgiques, des bobines en grande partie, étaient exportées pour un chiffre d'affaires s'élevant à plus de 175 millions de dollars. «Justement, si ces performances auxquelles vous faites référence pouvaient être obtenues, c'est bien grâce à la maîtrise des coûts de production. Tel que déjà précisé, les prix du coke ne sont plus les mêmes, ils ont, depuis, pratiquement triplé». Et pas que, «la stratégie ingénieusement étudiée, déployée par l'ex-partenaire, Lakshmi Mittal, à partir de 2010, avait fait perdre à l'usine le marché du sud de l'Europe, client traditionnel d'El Hadjar. Jusqu'à 2015, nos ventes à l'international se limitaient à quelques quantités de fonte en gueuse, essentiellement absorbées par les seuls marchés égyptien et syrien», tient à souligner notre interlocuteur. Et c'est le voisin marocain, laisse-t-il entendre, qui profitera le plus de la disparition programmée de l'acier algérien sur le marché européen. Et au plan interne, l'arrivée imminente sur le marché de nouvelles capacités (Bellara et Tosyali) ne constituerait-elle pas une menace pour la pérennité de l'activité sidérurgique d'El Hadjar ? «L'activité sidérurgique à El Hadjar est une tradition bien ancrée. El Hadjar est et restera encore longtemps le seul complexe intégré en Algérie et en Afrique. Aussi, à l'échelle continentale, nous sommes les seuls et uniques fabricants de produits plats qui sont à très forte valeur ajoutée», assure Noureddine Amouri. Pour rappel, les parts de marché du complexe El Hadjar, qui s'élevaient, jusqu'à 2007, à plus de 80%, ont connu une baisse vertigineuse à partir de 2012 (30%). Depuis, il peine à atteindre les 10 %, voire moins, se désole M. Amouri.