Le verdict du Haut tribunal pénal irakien est tombé dimanche 5 novembre : l'ancien président Saddam Hussein condamné à mort par pendaison, pour sa responsabilité dans l'exécution de 148 habitants chiites du village de Doujaïl dans les années 1980, en représailles à un attentat contre son convoi. Les statuts du tribunal prévoient une procédure automatique d'appel en cas de condamnation à mort, qui pourrait reporter de plusieurs semaines ou plusieurs mois l'exécution du verdict. Saddam Hussein a constamment tenté d'interrompre le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane lors de l'énoncé du verdict, en criant « longue vie à l'Irak, longue vie aux Irakiens », obligeant le juge à hurler plus fort que lui. A son arrivée devant le tribunal, Saddam avait refusé de se lever devant le juge. Il y avait été contraint par des gardes, à la demande du juge. Saddam Hussein est apparu visiblement secoué par la condamnation. « Dieu est plus grand que l'occupant », a-t-il clamé, alors que quatre gardes l'ont emmené à l'extérieur de la salle d'audience, les mains liées dans le dos. Saddam Hussein a aussi été condamné à 10 ans de prison pour « crime contre l'humanité (torture) » et 10 autres années pour « déplacement de population ». Le Haut tribunal pénal a suivi les réquisitions du procureur Jaafar al-Moussaoui, qui avait demandé, le 19 juin, la peine de mort contre l'ancien homme fort de l'Irak, âgé de 69 ans. Saddam Hussein, qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1979 jusqu'à la chute du régime en avril 2003, et sept anciens responsables de son régime, étaient poursuivis pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl, tués en représailles à un attentat manqué contre l'ex-président en 1982. Deux autres condamnations à mort ont été prononcées, la premihre contre un demi-frère de Saddam, Barzan al-Tikriti, patron des renseignements au moment des faits, la deuxième contre l'ancien président du tribunal révolutionnaire, Awad Ahmed al-Bandar. L'ancien vice-président, Taha Yassine Ramadan, a été condamné à la prison à vie. Trois anciens responsables locaux du parti Baas, Abdallah Kadhem Roueid, son fils Mezhar Abdallah Roueid et Ali Daeh Ali, ont été condamnés à 15 ans de prison pour « homicide volontaire ». Saddam Hussein, premier chef d'Etat arabe à être jugé dans son pays pour des crimes commis contre son peuple, a rejeté dès le départ la légitimité du tribunal et refusé de plaider coupable ou non coupable à l'issue du procès qui s'est déroulé du 19 octobre 2005 au 27 juillet 2006. La condamnation à mort de Saddam Hussein a été immédiatement saluée par Londres et Washington, tandis que l'organisation de défense des droits de l'homme, Amnesty International, mettait en doute l'impartialité du procès et déplorait le verdict. La sentence de mort prononcée contre Saddam Hussein a mis dans l'embarras la plupart des dirigeants européens, partagés entre leur satisfaction de la condamnation de l'ancien dictateur irakien et les valeurs fondamentales de l'UE, opposée à la peine capitale. Applaudissements, youyous et pleurs de joie ont accueilli l'annonce de la peine capitale contre Saddam Hussein en Iran et au Koweït, occupé par l'armée irakienne il y a 16 ans.