Le géographe algérien Ali Bensaâd a animé, jeudi dernier au Centre culturel français d'Alger, une conférence sur le phénomène de l'immigration intitulée « Le processus de Barcelone à l'épreuve des flux migratoires ». D'emblée, le conférencier a expliqué dans son intervention que les flux migratoires au Maghreb ont participé à réintroduire « de manière tragique » la dimension humaine qui faisait jusque-là défaut au processus de Barcelone. Dénonçant la tentation des membres du groupe des 5+5 de ne traiter la problématique des flux migratoires que sous l'angle de la sécurité (l'universitaire parlera d'« un assemblage incestueux entre la migration et la sécurité »), Ali Bensaâd, actuellement maître de conférences à l'université de Provence (France), a expliqué que le développement économique de plusieurs régions du Sahara a fait du Sahel un des nouveaux rivages de la Méditerranée. Une situation qui, selon lui, constitue un argument supplémentaire en faveur d'une libre circulation des personnes entre l'Afrique, le Maghreb et l'Europe. A l'occasion, Ali Bensaâd – également chercheur à l'IREMAM – a critiqué l'attitude des Européens consistant à stigmatiser ou à diaboliser systématiquement les migrants africains, alors que ceux-ci ne représentent que 3,5% de la masse des migrants qui arrivent en Europe de l'Ouest chaque année. A signaler par ailleurs que M. Bensaâd a évoqué le fait que les migrations peuvent être dans certains cas un facteur pouvant favoriser l'exportation des conflits.