Paolo Maria Tafuri, directeur de Danone-Djurdjura, est un patron plutôt satisfait. Depuis que Danone a scellé le partenariat avec Djurdjura jusqu'à ce qu'elle décide de prendre en main le navire, l'entreprise affiche une croissance remarquable. Depuis son installation en Algérie, le chiffre d'affaires de Danone-Djudjura a plus que doublé. Danone grignote aujourd'hui un tiers du marché algérien des produits laitiers frais. Selon le directeur de Danone-Djurdjura, le volume de production est passé de moins de 40.000 t, il y a cinq ans, à presque 100.000 t, cette année. “On n'a pas encore exploité tous les segments des produits laitiers comme le leben (…). Si l'expérience n'était pas un succès et si nous ne considérions pas que l'Algérie avait un fort potentiel, nous n'aurions pas racheté les parts de Djurdjura, fondé une biscuiterie et une source d'eau minérale. Si nous l'avons fait, ce n'est pas parce qu'on est devenus fous, mais parce que nous savons que l'Algérie a tout de son côté pour réussir”, estime M. Paolo Maria Tafuri, directeur de Danone-Djurdjura. Il ajoute : “On n'est pas encore au même niveau de la moyenne du groupe Danone. On estime que Danone-Djurdjura doit être une source de croissance de Danone dans le monde et une source de rentabilité un peu plus tard.” Mais l'entreprise française voit en son concurrent Soummam — qui occupe la plus grande part de marché — un rival sérieux. En troisième position figure l'entreprise Trèfle. Au total, Danone a réalisé un chiffre d'affaires de 7 milliards de dinars cette année. La machine serait donc bien huilée s'il n'y avait pas eu quelques couacs. Le plus grand problème de Danone qui est également celui de ses concurrents réside dans la matière première la plus importante : le lait. “La filière laitière n'étant pas très saine dans tout le Maghreb, nous sommes malheureusement obligés d'importer la matière première. 90% de nos besoins sont ainsi importés de l'étranger (essentiellement de Nouvelle-Zélande). Les 10% restants viennent de la collecte pour laquelle nous fournissons beaucoup d'efforts”, soupire M. Tafuri. Aussi, explique notre interlocuteur, Danone a fait du développement de la filière laitière l'une de ses priorités. Pas moins de 300.000 millions d'euros sont dépensés chaque année par l'entreprise française pour la collecte du lait frais. Cet argent a servi, selon M. Tafuri, à la création, en Algérie, de centres de collecte avec des matériels de réfrigération de lait ainsi que des subventions aux éleveurs pour l'achat de génisses et d'alimentation bovine. “Nous essayons également de les aider à développer une meilleure qualité.” Il faut dire que la facture de l'importation de lait en poudre revient très cher. Danone en importe 9000 t par an. L'utilisation du lait frais est également très importante aux yeux de Danone du fait que cela joue un rôle important dans la qualité du produit. C'est là, indique M. Tafuri, que réside la différence entre un Danone made in Algeria et un Danone made in France. Il est bien plus facile d'avoir un yaourt onctueux avec du lait frais provenant des Alpes qu'avec du lait en poudre. “Les niveaux d'exigence sont exactement les mêmes aux Etats-Unis, en Chine, en Russie ou en Algérie sauf que nous sommes contraints, en Algérie, d'utiliser le lait en poudre.'' Depuis l'implantation de Danone en Algérie, le groupe a investi pas moins de 40 millions d'euros. L'entreprise compte aujourd'hui élargir ses activités à travers la construction d'une seconde usine de produits laitiers frais qui fera, d'après M. Tafuri, quatre fois le volume de l'usine actuelle et devra démarrer en 2008. Mais le projet coince encore pour des problèmes de foncier industriel. “Nous voulons rester à Akbou, essentiellement pour des raisons sociales (préserver les emplois). Il serait très inélégant qu'après avoir créé quelque chose de magnifique dans cette ville, nous décidions d'abandonner nos employés et nos fournisseurs du jour au lendemain. D'autant qu'il y a des fournisseurs de plastique et de yaourt à boire, les bouteille en carton, les sociétés de transport frigorifique. Il y a toute une économie locale liée à la croissance de notre groupe”, plaide M. Tafuri, ajoutant que son groupe est actuellement en train de négocier pour acquérir les terrains avec l'objectif de doubler les capacités à court terme. Même s'il y a des obstacles sur le marché algérien, le patron de Danone-Djurdjura n'aime pas s'y attarder. Pour lui, il y a certes des contraintes, mais “le rôle d'un investisseur n'est pas de changer les règles, mais de s'y adapter”. Danone en chiffres Chiffre d'affaires en Algérie : 7 milliards de dinars Chiffre d'affaires dans le monde : 14 milliards d'euros Nombre d'employés en Algérie : 750 Nombre d'employés dans le monde : 90.000 dont 1000 personnes dans le monde pour la recherche et le développement Investissement en Algérie : 40 millions d'euros Production en Algérie : 100.000 tonnes