Les rencontres algéro-françaises se multiplient et, à chaque occasion, la volonté d'intensifier les échanges et la coopération bilatérale est réitérée par les officiels des deux pays. Mardi dernier, le ministre français des Affaires étrangères Philipe Douste-Blazy a indiqué lors d'un séminaire tenu à Paris sur la promotion des investissements français en Algérie, et en présence du ministre des Participations et de la promotion des investissements Abdelhamid Temmar, que " les relations franco-algériennes ne se résument pas au traité d'amitié, elles s'inscrivent dans le contexte de la construction très ambitieuse d'un partenariat d'exception qui est prévu par la Déclaration d'Alger signée en 2003 ". Mais la nouveauté réside ces derniers temps dans les rencontres sectorielles, ciblées, loin des professions de foi et ayant l'avantage de passer au concret, et mettant souvent les opérateurs économiques des deux pays en pourparlers directs. Selon Hamid Temmar, " aucun secteur n'est à exclure ", et le choix des secteurs ne signifie pas un cloisonnement définitif de la coopération économique bilatérale, même si les secteurs de l'automobile, l'agroalimentaire et la pharmacie semblent bien cadrer avec les choix industriels de l'Algérie pour les années à venir. Lors de sa visite récemment à Alger, le ministre français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie Thierry Breton avait signifié son souhait de mettre sur pied des filières complètes, " ce qui implique l'élaboration de produits et le développement de petites et moyennes entreprises algériennes ou françaises autour de grands axes industriels structurants pour l'économie du pays " a t-il indiqué. Le "Comité algéro-français pour le partenariat et le développement" crée il y a plus d'une année devra désormais s'y atteler à préparer le terrain de cette coopération et ce, en tenant chaque année des rencontres d'évaluation alternativement dans les deux capitales Alger et Paris. Si la " frilosité " qui caractérisent les entreprises françaises, lorsqu'il s'agit de promouvoir leurs investissements en Algérie est justifié, de leurs part, par les contraintes liées au système bancaire algérien, l'informel qui prend des proportions alarmantes ainsi que le problème du foncier industriel. Justifiant leurs craintes par la crainte de la concurrence déloyale de leurs investissements, force est de constater que pour bon nombre d'entreprises françaises, il leur parait inutile de venir investir dans le pays alors qu'elles font des affaires juteuses avec l'Algérie et se contentant parfois par de simples bureaux de représentation. Plus intéressés par les échanges commerciaux que par la création d'activités durables créatrices de richesses et d'emplois, les entreprises françaises ont laissé le part belle à d'autres investisseurs étrangers pour consolider leurs bases dans le pays. Pourtant, "l'Algérie a des atouts socioéconomiques que ne présente aucun autre pays de la sous-région ", a observé Philippe Douste Blazy la semaine dernière, et rappelé combien les investissements français étaient en deçà du potentiel économique algérien. Plus optimistes, certains du côté français réfutent l'idée que la France commence à perdre pied en Algérie. Il est alors signifié qu'elle reste au 2e rang des IDE en Algérie après les Etats-Unis, et au 1e rang hors hydrocarbures. Selon les chiffres de la mission économique de l'ambassade de France à Alger, les IDE français en 2005 ont atteint 140 millions d'euros, soir une hausse de 75% sur 2004 (139, 577 MUSD selon la Banque d'Algérie). Des investissements marqués par ceux de Total dans le secteur pétrolier, l'ouverture de nouvelles agences bancaires et le développement de nouvelles filiales d'entreprises, selon la mission économique de l'ambassade de France. Selon la même source, quelques 200 implantations françaises, dont une soixantaine sont des filiales d'entreprises (GDF, TotalFinaElf, Danone, Castel, Michelin, Spie-Capag, Entrepose, etc.) capitalisaient en 2005 un stock d'investissement de 1,4 milliards d'euros pour environ 8.000 emplois directs. Pour la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie (CFCIA), la part de marché des entreprises françaises en Algérie est évaluée à 24%, alors que pas moins de 63,3% des intentions d'investissements dans différents secteurs (l'eau, travaux publics, santé, l'habitat, hydrocarbures, etc.) émanent des entreprises françaises. En 2005, les échanges commerciaux entre les deux pays ont étés marqués par un accroissement sensible des exportations algériennes (structurellement à 95% des hydrocarbures) avec 3,7 milliards d'euros, soit une hausse de 27,4% par rapport à 2004. Les exportations françaises ont étés quant elles dopées par la vente d'aéronefs à l'Algérie de l'ordre de 11%. Premier fournisseur avec 22,1% de parts de marché, loin devant l'Italie 7,5%, les Etats-Unis 6,5%, la Chine 6,5%, l'Allemagne 6,2% et l'Espagne 4,8%, la France est le quatrième client de l'Algérie, derrière les Etats-Unis, l'Italie et l'Espagne.