Paris, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, vient, une nouvelle fois, de réaffirmer son engagement à faire progresser le “partenariat d'exception” et ses “relations primordiales” avec Alger. À la veille de sa visite en Algérie, Philipe Douste-Blazy a esquissé, dans un entretien accordé à l'APS, les attentes françaises en la matière. Le MAE français est attendu à Alger dimanche porchain pour une visite officielle de deux jours. Une visite marquée par les reports concernant le traité d'amitié devant être signé entre l'Algérie et la France. “L'Algérie est présente dans le cœur de la France, comme la France dans le cœur de l'Algérie. Il nous faut assumer ces réalités qui font de notre relation une amitié à part”, a précisé le chef de la diplomatie française. Les deux pays ont, dans ce cadre, “beaucoup à échanger et à partager”. Sa visite est, selon lui, “l'indication que les relations entre deux pays sont primordiales” pour les deux partenaires. “C'est aussi le message que les deux pays veulent voir progresser les relations en entretenant des contacts permanents et approfondis, qui permettent d'évoquer tous les sujets d'intérêt commun, sur la relation bilatérale elle-même, comme sur les questions de l'actualité internationale, compte tenu du rôle important que joue l'Algérie sur la scène internationale”, a-t-il affirmé. Les orientations fondamentales du partenariat sont “bien tracées” depuis la signature de la Déclaration d'Alger en 2003. “Notre coopération est riche et dense comme en témoignent les conventions de jumelage toujours plus nombreuses. Nous travaillons, depuis plusieurs mois maintenant, avec l'Algérie à rénover le cadre de cette coopération pour l'adapter à nos ambitions qui sont grandes”, a-t-il précisé. Il semble toutefois que les attentes suscitées par le partenariat soient en dessous des réalisations malgré les multiples déplacements ministériels de part et d'autre. “Bien évidemment, il n'est pas aisé d'avancer sur tous les sujets au même rythme, indépendamment de la grande volonté de faire progresser nos relations”, a reconnu le ministre. Philipe Douste-Blazy s'est engagé à améliorer les conditions de délivrance de visas français pour les ressortissants algériens. Le ministre français a estimé que des “avancées majeures ont été réalisées”. De 2002 à 2005, “ce sont un tiers de visas de circulation délivrés en plus”. En 2005, le taux de délivrance de visas a, “pour la première fois depuis plus de dix ans”, dépassé 50% des demandes. “Les demandes sont désormais mieux ciblées et sont donc plus facilement traitées. Mais je reconnais volontiers que la situation est encore loin de nos espérances. Les délais de délivrance sont trop longs, et les conditions d'accueil insatisfaisantes”, a-t-il reconnu. Interrogé sur la loi du 23 février faisant l'apologie du colonialisme, dont Philipe Douste-Blazy est l'un des initiateurs, le MAE français a assuré que “cette histoire est dernière nous”. Si cette loi a “pu susciter de l'incompréhension de part et d'autre”, le président Jacques Chirac a eu, selon son ministre, “la sagesse de mettre fin à ces malentendus” en abrogeant les dispositions controversées de la loi. “L'Algérie et la France sont suffisamment proches pour surmonter ces incompréhensions”, a estimé Philipe Douste-Blazy. Autre sujet de préoccupation, le Sahara Occidental. Le chef de la diplomatie française regrette “profondément (...) l'impasse, que le Conseil de sécurité a lui-même constaté, dans laquelle se trouve le processus politique”. R. N.