Dans une ville qui n'a plus de salles de cinéma respectables, l'hommage consacré mercredi dernier au cinéaste défunt Mohamed Bouamari a eu lieu dans l'ambiance feutrée du Théâtre régional de Constantine. L'institution très sollicitée pour l'organisation de tous genres de spectacles a été choisie par la commission culturelle de l'APC de Constantine pour une autre rencontre où les émotions ont été cette fois-ci trop fortes pour être maîtrisées. Ses amis, Mustapha Preure, Mohamed Hazourli, Hattab Benyoucef, Méziani, Hadj Smaïn parleront d'un homme simple et chaleureux. Djamel Allam a été ému en chantant Djaouhara, chanson préférée par Bouamari, alors que Chafia Boudraâ ne pourra pas contenir ses larmes. La femme du défunt, qui l'a accompagné en tant qu'actrice dans ses films et qui continue de faire son deuil, n'a pas fait le déplacement. A défaut de produire pour diverses raisons, les artistes n'auront droit qu'à un hommage qui ne changera guère dans la situation de dégradation et de médiocrité culturelle qui sévit à l'échelle nationale. Après Premiers pas, Le charbonnier, L'héritage et Le refus produits dans les années 1960 et 1970, Mohamed Bouamari, connu pour être un personnage affable et généreux, se distinguera surtout par sa présence aux côtés d'autres réalisateurs qu'il assistera dans plusieurs longs métrages. « Mohamed Bouamari a reçu plusieurs coups durant ses dernières années après la fermeture de toutes les portes devant lui. Il avait trois projets de films qu'il n'a pu concrétiser durant vingt ans avant d'être complètement abattu », rappellera son ami Sid Ali Fettar. Contrairement aux autres invités, Amar Laskri a osé briser le silence en fustigeant ceux qui tiennent les rênes de la culture nationale. Le réalisateur du mémorable Patrouille à l'est n'a pas été tendre envers ceux qui ont relégué le cinéma aux oubliettes. Qu'en reste-t-il des 700 salles que l'Algérie comptait à l'indépendance ? Que font les APC pour réhabiliter les salles laissées à l'abandon ? La municipalité de Constantine qui vient de récupérer certaines salles en connaît sûrement la réponse.