L'Algérie de Jean-Claude Brialy (Mon Algérie, éditions Timée-Editions, 2006) est généreuse. Pour le comédien français, né en Algérie, on ne quitte jamais tout à fait l'Algérie, elle s'accroche toujours à nos talons. « Je suis né en Algérie. J'y ai passé les dix premières années de ma vie, dans le petit village d'Aumale, à Blida et à Bône. C'est en Algérie que j'ai fait mes premiers spectacles, rencontré mes premiers amis, c'est là-bas que je me suis découvert. J'ai quitté le pays en 1942, sans savoir que je l'emmenais avec moi, dans mon cœur. C'est ce pays de mon enfance que je veux vous faire aimer. L'Algérie de mes souvenirs, celle d'hier et d'aujourd'hui, et celle que je ne connais pas, que je n'avais jamais visitée, mais dont j'ai tant rêvée : dans les ruelles d'Oran, au cœur de l'ermitage du père de Foucauld, avec les Touaregs qui l'ont adopté. Bienvenue dans mon Algérie, invite l'ancien enfant de Sour El Ghozlane. » Son livre, riche en photos, se donne pour ambition de faire aimer le pays natal de l'auteur de Le ruisseau des singes. On entre dans l'univers de Jean-Claude Brialy avec curiosité, on en sort enchanté, heureux d'avoir partagé avec lui cette Algérie des petites gens. Une Algérie foncièrement solidaire, ouverte, humaniste. La nostalgie n'a pas les apparats d'une fascination morbide, figée dans le passé, mais, au contraire, s'habille d'un insolent humanisme. Oui, cette Algérie a existé et existe encore, à notre plus grand bonheur. Bienvenue dans ton pays, l'artiste ! Terre de contrastes Passons très vite sur le titre bateau, (L'Algérie, terre des contrastes, par Yacine Ketfi et Boualem Souibès, National Geographic, 2006), l'ouvrage mérite mieux. Boualem Souibès et Yacine Ketfi nous gratifient d'un livre émouvant. C'est un lent voyage tranquille à travers l'Algérie actuelle. On découvre toute la richesse d'un pays foisonnant, multiple, dès qu'on quitte les grandes villes, surtout la capitale. Et si l'Algérie est située au sud d'Alger, hors Alger ? Le regard de Yacine Ketfi, entre carte postale et actualité, est pétillant d'intelligence. Le photographe a un amour certain pour le Sud et le désert. Le Sahara pour patrie. Plans larges, portraits, angles serrés, les photos se succèdent avec bonheur. La modernité n'est pas toujours au rendez-vous, la nature se hâte de cacher ses aberrations faites par l'homme. « L'eau, la terre et les hommes, trois parties emblématiques pour s'initier à cette terre de contrastes. L'eau d'abord et avant tout, parce que du littoral aux sources ou aux oueds, elle est l'évidente condition de la vie. La terre ensuite, tant sont saisissants les contrastes entre l'ocre du désert, le vert de la haute Kabylie, le blanc des montagnes enneigées ou encore le bleu profond de la Méditerranée. Les hommes enfin, gardiens de savoir-faire et de traditions, mais aussi une population jeune et avide de lendemains meilleurs », note Boualem Souibès.