Déclinée dans trois techniques différentes, pastel, acrylique et pierre noire, la série de compositions qui égayent les cimaises de la galerie nous édifie sur la soif inextinguible de création de l'artiste dont la tendance picturale « flirte » avec une manière de peindre exceptionnelle, bousculant par-là même l'image qui se complait dans le discours conventionnel. Le visiteur y décèle dans le travail du peintre un inusable effort de peindre, une force tranquille, à travers des œuvres extrêmement miniaturisées couchées dans une série de cadres – servant d'aplat – dont le support est le papier carton. La galeriste nous invite à parcourir du regard ces « petits grands » chefs-d'œuvre non sans mettre à notre disposition une loupe pour explorer la dimension plastique que propose « Les Minios », ces acryliques qui s'expriment dans l'art du semi-figuratif. On est vite happé par la magie qu'exerce le tumulte de compositions infinitésimales qui s'approprient des paysages marqués par les couleurs du temps et de l'espace divins. Les Quila (Clair de lune), Archipel, Printemps, Ciel de roche, Forêt, Haie aux ifs', Paysage indigo, Cité endormie à laquelle s'oppose Cité bouleversée, sont autant d'œuvres à la fois reposantes et tourmentées, empreintes de raffinement que balaie une sorte de turbulence. Peu importe si l'œuvre propose une grille de lectures exhaustive chez le spectateur, l'essentiel qu'elle marque l'esprit. « On ne viole pas une œuvre, on la courtise », tient à nous confier l'artiste qui taquine la mémoire de son être, agite ses tréfonds, interroge sa fibre plastique. Un peintre « galérien » qui part en guerre, transpire et bouscule ses méninges pour laisser émerger un brin de mystère qui « engonce » une autre série de tableaux lovés dans le bleu camaïeu ou les tons ocres. Il s'agit de ces compositions dont la forme ovoïdale cultive l'énigme où la fragilité s'oppose à la solidité. « J'y suis, j'y reste », « Attente d'un moment à naître », « le Fond de la vie », sont des moments forts noyés dans des pastels secs. Une peinture monochrome de laquelle jaillit la symbolique humaine, reflet de sa vie et celle des autres : intense, angoissée, belle, généreuse et solitaire. Dans une autre aile, notre curiosité est ravivée par une suite de quatre tableaux élaborés dans la bichromie dont le matériau utilisé est la pierre noire. Son thème arboré est cette femme dont les formes voluptueuses sont évacuées. Bien que les traits soient discrets et l'attitude sournoise, le sujet parle avec enthousiasme et fait montre d'une loquacité teintée de philosophie. Et que dire de cette palette monochromie qui révèle le brusque changement de style pictural chez l'artiste. Oui, dans l'art de peindre, on a le droit de tout essayer, semble dire l'artiste : du blanc sur blanc qui force l'œil au respect que suscite l'œuvre. L'art ici est magnifié dans toute sa prodigalité et sa splendeur à travers le relief que traduisent le mouvement chorégraphique d'une ballerine, les volutes musicales d'une harpiste ou encore le génie « picassien ».