Saddam Hussein a été pendu, samedi, après avoir été condamné à mort pour sa responsabilité dans le massacre de 148 chiites en représailles d'un attentat contre le convoi présidentiel à Doujaïl (nord de Baghdad), en 1982. Sa mort met toutefois fin à toutes les autres poursuites qui avaient été engagées contre lui, en particulier le procès d'Anfal, où il était jugé pour génocide contre la population kurde et d'être responsable de la mort de 180 000 personnes en 1987-1988. Le procès Anfal, où six autres personnes sont poursuivies, dont le cousin de Saddam, Ali Hassan al-Majid, dit « Ali le chimique », va continuer, mais toutes les actions contre Saddam Hussein se sont éteintes à sa mort, selon la loi irakienne. Le régime de Saddam Hussein a commis de nombreux massacres contre les Kurdes d'Irak. Certaines estimations avancent le chiffre d'un million de morts sur les cinq millions de Kurdes, essentiellement dans le nord du pays. La coalition américano-britannique a trouvé 259 charniers contenant quelque 300 000 corps de personnes exécutées par le régime baâthiste. Le 13 décembre 2004 a été découvert une fosse contenant près de 500 cadavres, dont ceux de femmes et d'enfants, dans les environs de Souleimaniye. En 1988, Saddam utilise des armes chimiques contre la ville de Halabja : quelque 5000 Kurdes irakiens, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués en quelques minutes, et 10 000 blessés. En 1983, quelque 8000 membres de la tribu Barzani ont également été exécutés par les services de sécurité irakiens. Le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, qui s'est réjoui de la pendaison de Saddam, a souligné l'importance de la poursuite du procès Anfal, dans lequel l'ancien président était poursuivi pour génocide contre les Kurdes. « Nous espérons que l'exécution de Saddam Hussein va ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire de l'Irak et qu'elle marquera la fin de l'utilisation de la violence contre les civils », a déclaré Massoud Barzani dans un communiqué repris par l'Afp. « Il est important que cette exécution ne soit pas un prétexte pour ne pas dévoiler l'ampleur des crimes commis lors des opérations Anfal et à Halabja, ainsi que le massacre de milliers de Kurdes et de membres de la famille Barzani », a cependant nuancé le président du Kurdistan autonome (nord). Outre le procès qui était en cours pour « génocide contre les Kurdes » dans la campagne d'Anfal, l'ancien président devait répondre à six autres inculpations de « crimes de guerre » et « crime contre l'humanité », notamment pour le gazage de la ville kurde de Halabja, en 1988, ainsi que la répression anti-chiite qui suivit le soulèvement de 1991. Théoriquement, ces procès devraient se poursuivre après la mort de Saddam pour les prévenus vivants. Les Kurdes d'Irak, frustrés, ont souhaité que le procès d'Anfal soit arrivé à son terme. Mais, tout portait à croire que les Américains et les Européens auraient tout fait pour que ça ne soit pas le cas.