Le long métrage, qui se cache derrière ce titre volontairement cliché, est un mélodrame réalisé par le luxembourgeois Paul Kieffer (Schako Klak, 1991 ; Ech war am Congo, 2001). Le tournage qui a débuté le 18 novembre dernier, qui s'étend sur 8 semaines, prévoit entre autres trois semaines en Algérie : Alger, Oran et Tabelbella dans la wilaya de Béchar. Des figurants et des techniciens algériens font partie du staff. L'histoire est celle d'un cheminot, Georges (Jules Werner), qui rencontre fortuitement Yasmina (Sabrina Ouazani), passagère d'un train. Depuis, sa vie sera bouleversée au point de remettre en question sa relation avec sa fiancée Nicole (Anne-Marie Solvi), son projet de mariage et l'achat d'une maison. Cette passagère inconnue réveillera en lui une attirance pour l'exotisme, l'aventure et l'évasion. Il cherchera à rompre avec son univers coutumier d'un Luxembourg rude et pluvieux. Belle et émouvante, Sabrina Ouazani a un rôle sur mesure dans Nuit d'Arabie. Talentueuse, on l'avait déjà remarquée dans L'esquive d'A. Kechiche (2002), dans Trois petites filles de J-L. Hubert (2004) et dans Fauteuil d'orchestre de Danièle Thompson (2006). On la verra encore dans J'attends quelqu'un de Jérôme Bonnell, en mars prochain, ainsi que, prochainement, dans La Graine et le mulet de Abdellatif Kechiche et dans Fait Divers de Rachid Bekhaled. L'équipe de Nuit d'Arabie est sur Alger depuis une semaine. Sur son blog, le réalisateur raconte les aventures du tournage qui tombe à pic avec l'Aïd et le jour de l'an. « C'était l'aïd, la grande fête musulmane, hier, et nos collègues algériens ont passé la journée avec leur famille. Entre deux siestes, Carlo (un membre de l'équipe de décor) est sorti pour faire des sons seuls du Silence des agneaux, tandis que le reste de notre équipe expatriée a goûté les jarrets avec un couscous », relate-t-il dimanche. Et pour la journée d'hier : « troisième jour de tournage à Alger et j'ai déjà l'impression de n'avoir jamais rien fait d'autre. Deux grosses séquences au programme d'hier, Georges à la gare d'Alger et Georges à l'hôtel Terminus dans le quartier portuaire (plus une petite séquence sur la terrasse d'un snack-rock the chorba). Tout s'est déroulé sans le moindre problème et j'ai eu le temps de jaser avec des figurants qui ont tous des histoires plus insolites les unes que les autres à raconter. » Nuit d'Arabie, dont le titre se réfère aussi à la publicité d'une agence de voyages dans l'histoire, est le premier d'une série de longs métrages prévus. L'idée est de réaliser à chaque fois un film dans un genre différent et de l'adapter au contexte luxembourgeois. Le choc entre un environnement petit bourgeois et des personnages et événements extraordinaires en est un élément constant, mais pas une fin en soi. Malgré le caractère apparemment inoffensif de l'entreprise, il s'agit d'une nouvelle approche, par rapport aux regards nostalgiques sur le Luxembourg habituellement posés par les cinéastes de ce pays. Le prochain film de la série sera d'un genre fantastique. L'histoire sera celle d'un couple de touristes américains, dont l'enfant disparaît au Grand-Duché. Mais en attendant la suite, ceux qui s'intéressent à Nuit d'Arabie peuvent suivre le tournage et ses anecdotes sur le blog du réalisateur (www.samsa.lu/blognuitsdarabie), actualisé tous les jours par Paul Kieffer en personne et ses coéquipiers.