Près de 40 enseignants sur les 80 que compte le lycée Emir Abdelkader, le plus grand établissement au niveau de la capitale, sont depuis hier en grève ouverte et renouvelable. Ces enseignants, affiliés au Conseil des lycées d'Algérie (CLA) ont déposé, le 23 décembre 2006, un préavis de grève auprès de la direction de l'académie d'Alger. Les contestataires demandent tout simplement le départ du chef d'établissement, en l'occurrence Mme Mansouri qui est à la tête de ce lycée depuis mai 2003. Le hic est que l'ensemble de ces enseignants ont été informés de la nomination, il y a plus d'un mois, de Mme Mansouri au poste de secrétaire général à l'académie d'Alger et qu'elle sera installée dans ses nouvelles fonctions incessamment. La question qui se pose alors, pourquoi le recours à la grève ? Pourquoi toute cette agitation ? Pourquoi pénaliser et perturber les élèves en milieu scolaire ? Selon certains observateurs, le CLA fait du politique et dans ce cas de figure, l'intérêt de l'élève qui, normalement doit primer et être à l'abri des conflits, est relégué au second plan. Revenons toutefois aux revendications de ces enseignants grévistes. Ces derniers estiment que le courant n'est jamais passé entre eux et la responsable de l'établissement et que les règles de convivialité favorables à de bonnes conditions de travail et d'études se sont disloquées. L'autorité moral de Mme Mansouri n'a plus aucune légitimité, car de l'avis des grévistes, il existe de véritables problèmes d'égalité et de légalité dans sa gestion informelle : il s'agit notamment du retenues abusives sur salaires, favoritisme dans les notations, rapports préfabriqués contre les enseignants, harcèlement systématique des enseignants et gestion patrimoniale du lycée, sans respect du conseil de gestion ainsi que la manipulation des élèves contre les enseignants. « Nous avons, depuis trois ans, alerté l'académie d'Alger en demandant que cesse l'abus de pouvoir, le clientélisme, l'irrespect de la réglementation concernant la relation de travail. Nous n'avons pas été écoutés et nos recours sont restés suspendus. Les lieux d'arbitrage n'ont pas fonctionné et la tutelle s'est contentée d'un statu quo qui a fait du lycée Emir Abdelkader un espace de non-droit », ont expliqué les grévistes. De son côté, Mme Mansouri bat en brèche toutes ces accusations et a tenu à préciser que les enseignants en question ne l'ont jamais saisie, ni ont demandé audience pour discuter de leurs préoccupations ou des problèmes qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur fonction. « Même pour cette grève, certes, ils ont déposé un préavis il y a une semaine, mais entre-temps, ils ne sont même pas venus me voir pour essayer de trouver un terrain d'entente et c'est le même scénario qu'ils rééditent à chaque fois », a souligné la directrice de l'établissement qui fera remarquer que les enseignants qui s'absentent sans aucun justificatif ou qui viennent en retard chaque matin doivent être automatiquement sanctionnés. « Il est difficile de gérer un établissement tel que l'Emir Abdelkader. Donc, je fais de mon mieux pour qu'il n'y ait pas d'anarchie. Toutefois, je respecte beaucoup les gens corrects », dira Mme Mansouri. Celle-ci va plus loin dans son argumentation : « J'ai envoyé à plusieurs reprises des questionnaires à des enseignants qui s'absentent souvent. Ces derniers, soit ils ignorent complètement le questionnaire, soit ils me répondent par des obscénités. Ce n'est pas parce qu'ils sont affiliés à un syndicat qu'ils se croient au-dessous de la réglementation », a indiqué notre interlocutrice.