Le tout nouveau secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, semble perdre pied en exprimant sa position sur l'exécution hâtive de Saddam Hussein. Acculé par un journaliste lors de son premier point de presse, mardi dernier, il laissera son monde pantois en se contentant de dire que l'ex-homme fort de Baghdad « a commis des crimes odieux à l'encontre de la population irakienne. Il ne faudra jamais oublier les victimes de ses crimes ». Le diplomate sud-coréen, dont les sympathies pour les Etats-Unis sont un secret de Polichinelle, dira, par la suite, comme pour atténuer la charge de son propos que les Etats membres de l'ONU ne doivent pas faire obstruction « du règlement et des lois humanitaires internationales ». Par cette position controversée, M. Ban entre en contradiction avec les canons de l'institution onusienne qui a été de tout temps contre la peine de mort. En usant d'une telle pirouette, l'ancien ministre des Affaires étrangères de la Corée du Sud a mis dans la gêne les fonctionnaires de l'ONU, lesquels n'ont pas manqué de prendre son contre-pied. Faut-il d'ailleurs rappeler que le représentant de l'ONU en Irak, le Pakistanais Ashraf Qazi, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère, en affirmant samedi dernier, jour l'exécution, que les Nations unies demeurent opposées à la peine de capitale, « même dans les crimes de guerre, contre l'humanité ou de génocide ». L'envoyé spécial déclarera pourtant dans un premier temps que les Nations unies sont « fermement opposées à l'impunité et comprennent le désir de justice ressenti par de nombreux Irakiens ». Présidente du groupe de travail du Haut commissariat des droits de l'homme sur les détentions arbitraires, Leïla Zerrougui fera, pour sa part, sienne la position des Nations unies et dénonce « l'issue tragique d'un procès qui jette le trouble sur de nombreuses failles judiciaires ». Pour beaucoup, ce ne sont pas les déclarations de la porte-parole qu'il s'est choisi, la journaliste Michèle Montas, qui fera oublier ce premier coup d'œil de M. Ban à ses parrains à la Maison-Blanche. Interrogée lors de son premier point de presse, Mme Montas a indiqué que les déclarations de celui-ci n'expriment aucunement un fléchissement dans la position de l'ONU quant à la peine de mort. « La position de l'ONU demeure, elle n'est pas en faveur de la peine capitale », a-t-elle assuré et en voulant, à coup sûr expliciter la position de M. Ban, elle dira que celui-ci a voulu « laisser aux Etats membres le soin de décider de leurs propres lois ».