Le nouveau secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a causé un début de controverse, mardi, par des propos ambigus sur l'exécution de Saddam Hussein, qu'il n'a pas condamnée, semblant ainsi en rupture avec l'opposition traditionnelle de l'ONU à la peine de mort. Arrivant au siège New-yorkais de l'ONU pour sa première journée de travail à l'aube d'un mandat de cinq ans, M. Ban a évité de répondre par oui ou non à la question d'un journaliste qui lui demandait si l'exécution samedi de l'ex-dictateur irakien était appropriée. Il s'est contenté de rappeler que Saddam Hussein avait commis "des crimes odieux et des atrocités innommables contre le peuple irakien", invitant à "ne pas oublier ses victimes". Estimant que la question de la peine de mort était du ressort des Etats membres, il a émis l'espoir que ceux-ci respectent "tous les aspects du droit international". Par cette réponse, il a paru se dissocier d'une déclaration faite samedi, après la pendaison de Saddam Hussein, par le représentant spécial de l'ONU en Irak, le Pakistanais Ashraf Qazi. Dans un communiqué, ce dernier a déclaré que les Nations unies "sont fermement opposées à l'impunité et comprennent le désir de justice ressenti par de nombreux Irakiens". Mais il a aussitôt ajouté: "Toutefois, se basant sur le principe du respect du droit à la vie, les Nations unies demeurent opposées à la peine capitale, même dans les cas de crimes de guerre, contre l'humanité ou de génocide". Interrogée à son tour sur ce sujet lors de son premier point de presse, la porte-parole de M. Ban, Michèle Montas, a assuré que les propos de l'ancien ministre sud-coréen des Affaires étrangères ne reflétaient pas un changement de position de l'ONU sur la peine de mort. "La position de l'ONU demeure, elle n'est pas en faveur de la peine capitale", a-t-elle affirmé. M. Ban, a-t-elle ajouté, a simplement voulu "laisser aux Etats membres le soin de décider de leurs propres lois" en la matière. Pressée de questions sur la compatibilité entre les propos de M. Ban et la position officielle de l'ONU, la porte-parole a dû se résoudre à promettre de demander des clarifications au secrétariat de l'ONU. L'Italie a engagé mardi des efforts diplomatiques aux Nations unies pour obtenir un moratoire mondial sur la peine de mort, suite à la vague de protestations qui a suivi l'exécution de Saddam Hussein. A New York, l'ambassadeur d'Italie à l'ONU a rencontré le chef de la mission russe, qui occupe actuellement la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU, pour lui faire part de sa détermination à faire inscrire cette question sur l'agenda de l'Assemblée générale des Nations unies, selon le ministère italien des Affaires étrangères. Selon les services du président du Conseil Romano Prodi, l'Italie va chercher le soutien d'autres pays qui s'opposent aux exécutions capitales. L'Italie et les autres membres de l'Union européenne ont interdit la peine de mort. Dimanche, le ministre italien des Affaires étrangères Massimo D'Alema avait annoncé que son pays allait oeuvrer en faveur de l'abolition de la peine de mort dans le monde, suite aux protestations consécutives à la pendaison de Saddam Hussein.