L'encerclement médiatique, devenu lassant, sur le dossier nucléaire de l'Iran a instauré un climat international de suspicion sur l'avenir de l'énergie atomique et son utilisation à des fins pacifiques. Etats-Unis et Europe en font « trop » avec cette focalisation presque permanente sur l'ancienne Perse. Tension accessoirement entretenue autour de la Corée du Nord aussi. Cette concentration d'intérêt, sur des zones géographiques et des aires culturelles précises, conjugue d'intenses efforts diplomatiques, beaucoup d'argent et des tonnes de propagande. Cela permet, au moins, de créer un immense écran de fumée sur le nouveau génocide en Irak, la guerre sourde en Somalie et l'effondrement de l'Afghanistan. Il est clair que la course à l'armement nucléaire est porteuse de dangers pour l'ensemble de l'humanité. Il n'existe aucun consensus mondial pour arrêter définitivement la fabrication des armes atomiques. A eux seuls, Russie, Etats-Unis, Chine, France et Grande-Bretagne cumulent 16 800 têtes nucléaires actives. A cela s'ajoutent les 13 000 têtes en cours d'assemblage. L'Inde refuse que plus d'un tiers de ses installations nucléaires soit inspecté par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Cela n'irrite personne à l'ONU ou ailleurs. Israël cultive le doute sur son pontentiel nucléaire. Là aussi, pas de voix scandalisées en Europe ou en Amérique du Nord. Dans ce climat, insister sur les projets iraniens devient douteux, même si l'Iran ne fournit pas trop d'efforts pour restaurer la confiance. Il reste que le débat chargé politiquement tire la question du nucléaire sur des plates-formes glissantes, faisant oublier l'intérêt scientifique et économique de l'atome. Moins polluante que le charbon ou le fuel, l'énergie nucléaire peut venir à la rescousse de pays semi-arides comme l'Algérie pour améliorer la production électrique, agricole ou hydrique. Elle peut compenser, d'une certaine manière, les pertes graduelles des ressources conventionnelles d'énergie. Pays gazier et pétrolier, l'Algérie peut, pour l'instant, se sentir à l'abri de crises, mais l'avenir se prépare aujourd'hui. Sauf que le développement de l'énergie nucléaire absorbe quantités de flots financiers, fait appel à une maîtrise technologique et porte le risque réel d'accidents majeurs. D'où les réserves des milieux écologistes qui préfèrent donner leur chance aux énergies solaires et éoliennes. On ne sait pas également comment l'Algérie, qui plaide dorénavant pour une démarche commune africaine, va-t-elle gérer les déchets nucléaires. Cette question n'est jamais abordée, comme si elle relevait du confidentiel-Défense alors qu'elle peut poser un problème sérieux pour la santé publique et la nature. Se doter du potentiel nucléaire civil, au-delà des implications géostratégiques et économiques, nécessite une réflexion approfondie et une analyse large pour arriver à une véritable adhésion sociale et éviter les mauvaises surprises.