Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) estime que le scandale Khalifa n'aurait pas existé si les pouvoirs publics avaient daigné l'écouter lors de la naissance du groupe. « Dès 1998, nous avons interpellé à tous les niveaux de décision que la constitution d'El Khalifa Bank reposait sur des bases douteuses. Cela ressemblait, à s'y méprendre, à la maffia russe », a-t-elle déclaré, hier, au cours d'une conférence de presse à Alger. Et de souligner qu'à l'époque, aucun responsable n'avait prêté attention aux mises en garde du PT, « des responsables ayant assuré mordicus que l'existence de l'entité obéissait à la lettre à la réglementation du pays ». « Certains se sont même permis de nous traiter de hassadine (jaloux) et qu'il valait mieux pour nous de laisser les investisseurs nationaux travailler en paix », dit-elle non sans souligner que « le temps lui a finalement donné raison ». La première responsable du PT tient à signaler que Khalifa n'est que le produit des « réformes » qui ont été imposées au pays. Et d'enchaîner qu'il faut laisser à la justice le soin de faire son travail. « La première sortie publique » du PT de la nouvelle année a été l'occasion d'inviter le gouvernement à engager un débat sur les privatisations. « Un bilan est on ne peut plus d'actualité. Cela urge d'autant plus que nous avons constaté qu'il y a des discours opposés dans les sphères du pouvoir », relèvera Louisa Hanoune. Pour le PT, il y a d'un côté le chef de l'Etat qui donne des instructions « fermes et bénéfiques pour la nation » et d'un autre des « centres de décisions parallèles » dont les orientations, dit-elle, vont à l'encontre des intérêts du pays. Elle s'explique : « Alors que le Président, qui a pris la courageuse décision de renationaliser les hydrocarbures, ordonne de freiner la privatisation, Temmar fait le contraire. Nous soutenons le Président et appelons à la suppression du ministère des Privatisations. » Louisa Hanoune donne ainsi des exemples « terre à terre » où le bradage atteint l'inimaginable, selon elle. « On veut céder le complexe Onalait de Draâ Ben Khedda à un artisan qui fabrique un camembert douteux dans un sordide garage, et ce, pour une somme dérisoire. Les complexes de Béni Tamou et de Batna sont également voués à un sort tout aussi inquiétant. La liste est encore longue », dit-elle. La SG du PT épinglera, dans la foulée, tous ceux qui « mettent des bâtons dans les roues », autrement dit, ceux qui ne s'inscrivent pas dans la logique de l'intérêt national et partant dans le discours du Président. Elle n'épargnera pas l'égyptien Orascom, dont la filiale ciment de Mascara fait, selon elle, dans la discrimination salariale. « Les Egyptiens touchent des salaires faramineux alors que les travailleurs algériens perçoivent des salaires de misère. Certains n'atteignent pas le SMIG », affirme-t-elle, déplorant cet état de fait « fort malheureux pour un pays riche qui a formé les meilleurs cadres du continent ». Elle s'interroge aussi sur le motif qui a amené le secteur de l'eau à confier la gestion de la ressource à des Français « alors que la compétence nationale dans le domaine ne souffre aucun doute ». Dans ce chapitre, Louisa Hanoune s'indigne que les managers de la SEAAL perçoivent des salaires mirobolants, « de l'ordre de 15 000 euros (150 millions de centimes) mensuellement », avance-t-elle. « Il faut mettre fin à l'esclavage et à l'indigénat que l'on a déjà institués. On veut que les Algériens soient tous maçons ou manœuvres », conclut-elle avant de dénoncer la décision prise par le ministre de l'Education nationale de transférer les lycées techniques vers le secteur de la formation professionnelle.