Mme Louisa Hanoune, se référant à des comptes rendus du procès d'El Khalifa Bank publiés dans certains organes de presse, déclare déceler, ces derniers jours, une « tournure » qui consiste à jeter l'opprobre sur l'ensemble des PDG des entreprises publiques et des caisses nationales d'assurance. S'exprimant lors d'une conférence de presse animée hier au siège du Parti des travailleurs (PT) à Alger, la secrétaire générale n'a pas manqué, pour corroborer son approche, de rappeler l'opération « mains propres » qui avait ciblé en 1996 plusieurs cadres de l'Etat, emprisonnés sur la base de dossiers vierges. Elle est allée jusqu'à qualifier cette « tournure » de « cabale » contre les responsables du secteur public, au moment où le principal inculpé, Moumen Khalifa, se pavane en Grande-Bretagne en toute quiétude. Selon Mme Hanoune, les premiers qui devraient rendre compte devant la justice sont Abdlmoumen Khalifa, ses complices dans les entreprises (ceux qui avaient manipulé la loi) et les personnes qui avaient bénéficié de privilèges. Or, s'interroge-t-elle, de quoi est redevable un PDG qui avait déposé, en toute bonne foi, de l'argent dans une banque agréée pour le seul objectif de bénéficier d'un taux d'intérêt élevé. Poursuivant sa lecture du procès, la SG du PT croit également constater des « manœuvres » visant la déstabilisation de l'UGTA. Pour défendre le SG de l'UGTA, Sidi Saïd, Mme Hanoune avance une contre-accusation : « Tous les syndicats de par le monde recourent à ces pratiques de dépôt d'argent dans des banques privées, notamment lorsque les caisses de retraite accusent des difficultés financières. » BEAUCOUP D'INTERROGATIONS Pour elle, il est plutôt primordial de se demander pourquoi l'Etat avait attendu de 1998 jusqu'à 2004 pour ordonner le transfert des fonds publics des banques privées vers des banques publiques. Autres questions qu'elle juge pertinentes : « Qui avait permis l'agrément d'El Khalifa Bank ? Qui avait porté Abdelmoumen Khalifa au sommet ? Qui avait créé un environnement opaque pour tromper un aussi important nombre de personnes ? » La conférencière se demande également qui avait décidé de baisser le taux d'intérêt des banques publiques, au temps d'El Khalifa Bank et qui avait décidé de l'autonomie de la Banque d'Algérie ? Pour la SG du PT, étant donné qu'El Khalifa Bank était la première banque privée, cela aurait été accompagné de la plus grande rigueur. Elle plaide pour l'ouverture d'un débat public sur les responsabilités politiques de ce scandale. « Ceux qui ont réellement une responsabilité politique dans cette affaire n'ont pas encore été auditionnés », a-t-elle conclu. Dans un autre sillage, Mme Hanoune a livré son analyse concernant les attentats qui avaient endeuillé mardi la Kabylie. Elle explique que ces attentats se sont déroulés dans un contexte politique particulier, marqué par le procès Khalifa, le débat sur la stratégie industrielle ainsi que l'approche des élections législatives et locales de 2007. L'oratrice a fait également le lien avec les attentats en Tunisie, fin 2006, et l'annonce du GSPC de rallier Al Qaîda. « Les Etats-Unis ont tenté, en vain, d'installer des bases militaires dans le sud de l'Algérie », affirme Mme Hanoune. Elle s'interroge : « Qui a intérêt à déstabiliser l'Algérie ? Pourquoi c'est la Kabylie qui est ciblée, juste après le retour de la Gendarmerie nationale ? » Pour elle, l'Algérie alimente la convoitise des forces étrangères pour sa position géographique et ses richesses naturelles. Finalité : « Mettre l'Algérie sous tutelle militaire américaine. »