«Temmar parle de stratégie industrielle après avoir oeuvré à son démantèlement.» C'est une Louisa Hanoune convaincue que l'ouverture à l'économie de marché n'est pas synonyme de bradage des richesses nationales et de remise en cause du patrimoine économique, qui a été l'hôte de notre rubrique «A coeur ouvert» avec L'Expression. Fidèle à elle-même, elle a tiré à boulets rouges sur les «experts» à l'origine du processus de privatisation et d'ouverture des secteurs de l'industrie et des hydrocarbures. Elle faisait, bien entendu, allusion à Chakib Khelil et Abdelhamid Temmar qui, dit-elle, doivent partir. «Il faut les arrêter, ils sont les bras meurtriers». Avant d'ajouter: «N'est-ce pas Khelil qui a dénationalisé les mines en pleins évènements de Kabylie en 2001 et décidé la création en 2002, des agences de régulation dans le secteur?», interroge-t-elle. Pour ce qui est de Temmar, elle estime qu'il est prêt à imposer à son pays «un plan de démantèlement de tout son patrimoine industriel». Ce qui, selon elle, montre que «cet homme est sans état d'âme» en bradant le patrimoine industriel national au dinar symbolique. Ce que Mme Hanoune assimile à une «oeuvre de désertification». Elle fera état du «bradage» de 395 entreprises publiques, avec comme coût social la perte, entre emploi directs et indirects, de plus de 1 million d'emplois. Par ailleurs, tout en soutenant la démarche de l'Ugta par rapport à la nouvelle stratégie industrielle, à savoir donner aux investisseurs nationaux plus de chance de reprendre les entreprises proposées à la privatisation, Louisa Hanoune ne manquera pas de prendre comme exemple les expériences de certains pays latino-américains qui ont procédé à la renationalisation de leurs secteurs stratégiques. Elle citera l'exemple du Venezuela qui a nationalisé les télécoms et supprimé l'autonomie de la Banque centrale. L'autonomie de la Banque d'Algérie, rappelle-t-elle, a favorisé le scandale Khalifa. En somme, pour Louisa Hanoune, dont le parti participe à la plupart des forums internationaux des travailleurs, le nationalisme du Parti des travailleurs n'est pas dilué dans sa vision internationaliste des différents dossiers économiques, puisque l'Algérie n'est pas épargnée par le phénomène de la mondialisation. Au point que le Parti des travailleurs, affirme Mme Hanoune, préside un tribunal international pour juger la politique américaine contre les Noirs, notamment après la catastrophe de l'ouragan Katerina. Ce qui paraîtrait, par ailleurs, paradoxal, c'est le fait que le Parti des travailleurs apporte un soutien appuyé à la Centrale syndicale et aux «acquis» des travailleurs. Hanoune citera les 47 statuts particuliers en cours d'élaboration, la vision «nationaliste» de l'Ugta, par rapport à la stratégie industrielle et son action sur la scène internationale, en faveur des peuples palestinien et libanais. «L'Ugta s'est imposée au sein du BIT pour permettre aux Palestiniens d'avoir leurs syndicats», poursuit Louisa Hanoune. Par ailleurs, sur le plan politique, la secrétaire générale du PT continue de soutenir qu'aucune solution ne peut être imposée de l'extérieur. Elle rappellera à ce titre, ses divergences avec le groupe de Sant'Egidio, autour, notamment, de l'internationalisation de la crise algérienne. «Pas d'internationalisation et pas de partage du pouvoir», étaient dès lors les mots d'ordre de la pasionaria du PT. A propos de réconciliation, elle précisera que «l'accord de paix en Algérie n'a pas été imposé de l'extérieur». Pour cette dernière, l'Algérie avait fait l'objet, au début de la dernière décennie, d'une «double guerre», celle que lui livrait le terrorisme et celle des institutions financières internationales, «au point qu'on avait fait passer en catimini des textes de lois engageant l'avenir de toute une nation» Elle rappellera l'époque où «un ex-chef de gouvernement avait failli vendre 25% de Hassi Messaoud». Avant d'ajouter qu' «en une seule nuit, 18 multinationales ont atterri à Alger». Enfin, pour ce qui est de la révision de la Constitution, notre invitée est on ne peut plus claire: «Je ne crois pas en l'alternance pour l'alternance». Elle indiquera avoir adressé une lettre au chef de l'Etat à ce sujet.