Rentrée parlementaire déjà achevée aux Etats-Unis où la nouvelle majorité entend tenir ses promesses, du moins ce que lui permet la loi des Etats-Unis, ou encore, dit-on de plus en plus, ce que les démocrates refuseraient d'entreprendre s'ils venaient à porter un des leurs à la Maison-Blanche en 2008. C'est toutefois demain que le président George W. Bush s'adressera à la nouvelle majorité. Mais pour lui dire quoi de plus qu'elle ne sache déjà ? Que les pertes américaines se sont accrues ces deux derniers jours, avec une vingtaine de tués, dont douze dans un accident d'hélicoptère. Dans le même temps, des soldats américains ont été attaqués dans la ville sainte chiite de Kerbala, à 110 km au sud de Baghdad, par des miliciens qui ont ouvert le feu à l'aide d'armes automatiques, de grenades et de mortiers. Cinq soldats américains ont été tués et trois blessés dans ces affrontements, qui se sont produits alors qu'était réunie dans un local de la ville une cellule de crise sur les mesures de sécurité à prendre pendant les cérémonies chiites de l'Achoura, période de deuil de dix jours qui a commencé hier. La province de Kerbala, qui relève de l'autorité des soldats polonais déployés dans le cadre de la Force multinationale, connaît peu de violences, mais l'attaque de samedi survient après une série d'arrestations de chefs de groupes armés et de milices chiites dans le pays. Deux autres soldats américains ont péri samedi dans l'explosion de bombes artisanales, dans le nord de Baghdad et dans le nord de l'Irak. Depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003, au moins 3044 militaires américains et personnels assimilés sont morts dans ce pays, selon un décompte établi à partir des chiffres du Pentagone. Un soldat britannique a par ailleurs péri hier matin dans l'explosion d'une bombe, près de Bassorah (550 km au sud de Baghdad), au passage de sa patrouille. Le fait n'est pas nouveau et le débat peut en rester là, c'est-à-dire une franche opposition. En attendant, quelque 3200 GI's sont arrivés en renfort à Baghdad hier, pour participer au nouveau plan de sécurité de la capitale, au lendemain d'une journée meurtrière avec la mort à travers le pays de 19 soldats américains, dans des attaques et une chute d'hélicoptère. Un fait nouveau peut-être sur le plan politique interne mais qui n'annonce en soi rien de définitif puisque la situation peut changer. Le courant du chef radical chiite Moqtada Sadr a annoncé en effet hier qu'il mettait fin à son boycott du gouvernement, après avoir reçu des garanties sur la satisfaction de ses demandes. « Nous allons participer de nouveau au processus politique », a déclaré un député sadriste Saleh Hassan Issa Al Ogaïli. Le courant Sadr compte 32 députés sur 275 et contrôle cinq ministères, mais il a cessé de soutenir le gouvernement depuis le 29 novembre 2006 pour protester contre une rencontre entre le Premier ministre Nouri Al Maliki et le président américain George W. Bush. Au lendemain de cette journée sanglante suivi de l'accord de Moqtada Sadr, l'armée américaine a annoncé hier que la deuxième brigade de la 82e division aéroportée, qui compte près de 3200 soldats, est arrivée à Baghdad et sera « pleinement opérationnelle vers le 1er février ». « Sa mission sera d'assister les forces de sécurité irakiennes pour nettoyer, contrôler et tenir les points-clés de la capitale, réduire la violence et jeter les bases d'une transition vers un contrôle de Baghdad par les seules forces irakiennes », a ajouté l'armée. Il s'agit de la première des cinq brigades américaines, comptant au total 17 500 soldats, dont le président George W. Bush avait annoncé le 11 janvier l'envoi par étapes, dans le cadre du nouveau plan destiné à lutter contre les violences confessionnelles à Baghdad. La capitale irakienne est en proie à des violences qui ont fait plus de 16 800 morts au cours de l'année 2006, selon les Nations unies. Une bombe a encore explosé hier matin dans un bus, dans le centre de Baghdad, tuant 6 passagers et blessant quinze autres, a-t-on appris auprès des services de sécurité. Une autre personne a été tuée et 5 blessées dans l'explosion d'une voiture piégée dans l'est de la capitale. Ces attaques surviennent quelques jours après une flambée de violences qui a fait 150 morts à Baghdad, dans des attentats à la voiture piégée. Autant dire que la situation ne connaît pas le moindre répit au plan sécuritaire avec chaque jour des morts. Et surtout sans la moindre perspective d'accord. Dans son discours annuel qu'il prononcera demain, il parlera bien entendu de différents sujets, mais incontestablement, l'Irak en sera le sujet dominant.