La commune d'Aït Chafaâ, à 95 km au nord-est de Tizi Ouzou, dans la daïra d'Azzeffoune, vit au rythme d'une grogne populaire depuis plus d'une semaine. Les habitants du village d'Idjermenane ont procédé à la fermeture du siège de l'APC depuis le 9 janvier en signe de protestation contre le refus du P/APC de leur délivrer des certificats de possession sur des terres dont ils revendiquent la propriété. Depuis le début de la protesta, des dizaines de citoyens de ce village se rassemblent quotidiennement, du matin au soir, devant la mairie fermée, sans laisser y accéder ni les travailleurs ni les élus. Selon le président du comité de village, également élu indépendant à l'APC, « la colère des citoyens a été provoquée par P/APC qui refuse de signer des certificats de possession pour nos habitants ayant bénéficié de l'aide à l'habitat rural ». Les villageois d'Idjermenane revendiquent ces terres, évaluées à plusieurs hectares, en faisant croire qu'elles « appartiennent à nos ancêtres qui les ont préservées depuis des siècles et ont refusé même de les céder aux colons ». Pour l'aide à l'habitat rural, le P/ APC a rejeté une liste de 9 bénéficiaires de ce village sous prétexte qu'ils ont présenté des certificats de possession de terrains qui ne leurs appartiennent pas. Les documents en question ont été octroyés par les APC précédentes. Le premier responsable de la commune estime que ces parcelles relèvent du patrimoine communal. Les terres, objet du conflit, constituent la bande littorale, longeant la RN 24, non loin de la plage du Petit paradis. C'est dire à quel point le site est stratégique. Le président de l'assemblée affirme que « des certificats de possession nous ont été demandés sur des parcelles incluses dans la zone d'extension touristique (ZET) ». En l'absence de toute archive post-indépendance, le P/APC s'est référé au sénatus-consulte établi par les autorités coloniales en 1895 et attestant que ces terres relèvent du patrimoine communal. Un document dont les contestataires rejettent la fiabilité. Durant les années précédentes, plusieurs habitants du village ont eu des certificats de possession sur des parcelles sises dans cette zone et, à cet égard, le P/APC accuse ouvertement les précédentes APC qui « ont signé illégalement ces titres de propriété », avant de suggérer qu' « il est nécessaire que la justice se penche sur ce problème et mener des enquêtes approfondies sur l'authenticité des titres délivrés ». En tout cas, cette confusion a été prévisible sachant que la propriété foncière n'est pas identifiée dans la commune d'Aït Chafaâ. Selon le P/APC, « nous avons sollicité le cadastre pour la délimitation des terrains communaux, mais notre demande est restée sans suite », avant d'ajouter que « ce n'est que maintenant que nous avons entamé la révision du PDAU (plan directeur d'aménagement et d'urbanisme) qui a été bâclé à sa réalisation en 1996 ». Il affirmera également que, dans le passé, plusieurs hectares dans cette zone ont été octroyés à des particuliers qui se sont engagés à exploiter ces terres pour des activités agricoles uniquement, mais avec le temps, certains ont construit sur ces terres, d'autres ont carrément vendu. Vu l'importance du site, le foncier dans cette région est soumis à une grande spéculation. Il y a des terrains qui ont été vendus à raison de 10 000 DA/m2.