Tizi Ouzou est en ébullition. Des quatre coins de la wilaya, la colère va crescendo et les revendications sont identiques, étant toutes d'ordre socio-économique. Il n'y a pas une semaine qui passe sans que l'on annonce une protestation dans l'une des 67 communes de la wilaya. Souvent, les populations contestataires font recours à la fermeture du siège de l'APC, de daïra ou d'une route nationale pour faire entendre leurs voix. Si ce n'est pas une démonstration de force, la grogne s'exprime par une déclaration remise aux autorités et à la presse. Cependant, le plus déplorable reste l'attitude qu'adoptent généralement les autorités locales face à ces vagues de contestation. Car les responsables de l'administration ou les élus tombent généralement dans l'expectative inexpliquée et incompréhensible. Cela s'est vérifié, encore une fois, dans la commune d'Aït Chaffaâ (daïra d'Azzefoune), où des citoyens du village Idjarmenane ont fermé le siège de l'APC depuis plus d'une semaine, pour réclamer des certificats de possession sur des terres que le P/APC considère comme étant des terrains communaux. Les travailleurs de la municipalité observent ainsi un arrêt de travail forcé depuis le début de la protestation, et ce au détriment des habitants des autres villages qui sont privés des services de cette administration. Au plus haut niveau, les responsables de la daïra d'Azzefoune ou de la wilaya de Tizi Ouzou sont plongés dans un mutisme synonyme de fuite en avant. Pourtant, leur intervention pour dénouer le conflit est attendue par les deux parties antagonistes. « Le chef de daïra d'Azzefoune ne nous a même pas appelé pour s'enquérir de la situation », déplore le P/APC d'Aït Chaffaâ. Les contestataires, eux aussi, déplorent le silence du premier responsable de la daïra alors que « nous exigeons sa venue sur les lieux », tonne le président du comité de village d'Idjarmenane. Pour ce qui est des autorités de la wilaya, c'est encore pire. « Depuis mars 2006, nous n'avons pas cessé de solliciter l'intervention du wali pour assainir la situation du foncier à Aït Chaffaâ, mais notre demande est restée sans suite », dira le maire. Idem pour les services des domaines et du cadastre, qui, pourtant, sont les seuls habilités à délimiter les propriétés foncières dans cette commune.