Devenu un « classique » du Ramadhan, le phénomène de la flambée des prix ne semble pas, cette année, laisser indifférents les pouvoirs publics. Après le recours à l'importation pour casser le prix de la viande sur le marché, trois ministères viennent de lancer une campagne de sensibilisation afin d'essayer de prévenir l'emballement du marché à la veille du mois sacré. A l'initiative du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, en collaboration avec les ministères du Commerce et des Affaires religieuses et des Waqfs, un appel a été lancé hier à tous les commerçants les exhortant à prendre en considération « les conditions difficiles que vivent les citoyens et à faire preuve de sagesse en fixant et en maîtrisant les prix des produits de large consommation ». Il leur est demandé d'être indulgents avec leurs concitoyens durement éprouvés par les dépenses du Ramadhan, a expliqué en substance hier le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbas, lors d'une rencontre qui a réuni les ministres du Commerce, Noureddine Boukrouh, celui des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamellah, ainsi que les représentants de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens et l'Union algérienne de défense des droits du consommateur. « Un citoyen qui a un salaire moyen de 30 000 DA éprouve énormément de difficultés à terminer le mois de Ramadhan », a encore assuré le ministre de la Solidarité. Prenant la parole, le ministre des Affaires religieuses a exprimé le regret de voir le mois de Ramadhan se transformer en mois de consommation et a vivement appelé à la modération. Il a également fait part de sa réprobation des pratiques malsaines consistant à organiser des pénuries de produits de consommation de base afin de créer un mouvement de panique chez les consommateurs pour pouvoir mieux écouler les marchandises et plus cher. Des prêches contre ces comportements contradictoires avec l'islam seront quotidiennement donnés à travers les 13 500 mosquées que compte le territoire national, a encore annoncé le ministre des Affaires religieuses. Le ministre du Commerce a expliqué que « l'augmentation des prix et la pénurie qui peut parfois toucher certains produits sont un phénomène normal induit par la pression exercée par le consommateur ». Ce qui est négatif, voire immoral, en revanche, « ce sont les variations incontrôlables que peuvent atteindre les prix de certains produits durant le mois de Ramadhan et les pénuries sciemment organisées », telles que celle de l'huile vécue actuellement. Si le département de Noureddine Boukrouh n'a pas les prérogatives de contrôler les prix, qui sont libres, il peut encore « utiliser les instrument de l'Etat pour encadrer le marché », précise le ministre et d'insister sur la nécessité de sensibiliser les commerçants sur le profit illégal tiré de ces pratiques. Il interpellera, à cet égard, l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) dont le secrétaire général était présent à la réunion. L'UGCAA interpellera le ministre sur « le contrôle féroce exercé sur les commerçants ces derniers jours ». Ce à quoi le ministre a répondu qu'il ne s‘agit que d'un contrôle de factures qui s'effectue dans des situations où il y a risque de pratiques commerciales frauduleuses.