Tripoli va exiger prochainement un visa d'entrée à tout étranger désirant accéder à son territoire. La mesure devrait concerner aussi les ressortissants des pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA), un ensemble dont la Libye fait partie. L'annonce se rapportant à l'instauration de cette procédure a été faite, hier, à Tunis, par le secrétaire du Comité populaire libyen de l'ordre public, Salah Rajjeb. Dans une déclaration à la presse, à l'issue des travaux de la 24e session du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur, le responsable libyen a justifié la prise d'une telle décision par le souci de mieux contrôler la circulation des personnes, assurer une maîtrise sécuritaire et lutter contre l'immigration clandestine et le crime organisé. « La mesure n'exclura aucune partie, y compris les pays maghrébins, arabes et africains », a affirmé M. Rajjeb. A mentionner que les citoyens algériens, marocains, mauritaniens, tunisiens et égyptiens ne sont astreints, actuellement, à aucune contrainte pour entrer en Libye. M. Rajjab n'a pas précisé à partir de quel moment cette mesure sera appliquée. Toutefois, il a tenu à dire que « cette procédure ne contredit pas les dispositions prévues dans le cadre de l'UMA ». Si, comme l'affirme le secrétaire du Comité populaire libyen de l'ordre public, une telle mesure ne contredit pas les textes de l'Union maghrébine, celle-ci pourrait néanmoins contribuer à ralentir de manière drastique les circulations intermaghrébines. Car, il est à prévoir qu'après l'entrée en vigueur de la décision de Tripoli, les autres pays de l'UMA « fassent jouer » le principe de réciprocité et soumettent les citoyens libyens à la même condition. Au-delà, la décision de Tripoli de filtrer les entrées dans son territoire sera surtout ressentie, en ce qui concerne l'UMA, par les citoyens marocains et tunisiens pour qui la Libye représente, depuis des décennies, une terre d'immigration. Le pays du colonel El Gueddafi constitue également une destination privilégiée pour de nombreux autres pays africains. Ce fut notamment le cas lorsque les autorités libyennes ont voulu « soigner » leur politique africaine. C'est ainsi qu'elles ont dû « tolérer » sur leur territoire des milliers de migrants clandestins. Il faut savoir qu'un million d'immigrés (Ils représentent près d'un cinquième de la population libyenne) vivent en Libye, dont plus de la plupart sont clandestins. Là aussi, la situation ne devrait pas durer puisque parallèlement à sa décision de généraliser le visa, le gouvernement libyen a annoncé que tout étranger ne disposant pas d'un contrat de travail en règle devra quitter le pays en février. Selon M. Rajjeb, cette mesure renforcera la « lutte contre l'immigration clandestine et permettra à ceux qui veulent entrer en Libye pour y travailler de disposer d'un contrat de travail clairement établi ». En plus des raisons évoquées, les autorités libyennes, en instaurant des mesures aussi strictes, veulent probablement aussi se donner vite les moyens de faire face à une éventuelle menace terroriste. Il est difficile, en effet, de ne pas lier les décisions de Tripoli avec les attaques « salafistes » enregistrées récemment à Tunis, l'annonce par le GSPC, une organisation terroriste affiliée à El Qaîda, d'étendre ses activités à tout le Maghreb et l'instabilité chronique qui caractérise la région du Sahel.