La situation demeure préoccupante dans les territoires palestiniens occupés. Les parrains du processus de paix se penchent sur la «feuille de route». Quelque peu éclipsée par les travaux de la 58e session de l'Assemblée générale de l'ONU, la question palestinienne revient en force au devant de la scène internationale. Et d'abord cette rencontre qui lui a été consacrée, en marge de l'AG de l'ONU, par le quartette, maître d'oeuvre d'un plan de paix devant trouver son issue dans l'érection d'un Etat palestinien en 2005. En réalité, réunis au niveau des ministres des Affaires étrangères - l'Américain Colin Powell, le Russe Igor Ivanov, les Européens Javier Solana, responsable de la diplomatie de l'UE, et Franco Frattini, (pour l'Italie présidente en exercice de l'UE) et Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU - cette structure internationale, appelée à veiller à l'application de la «feuille de route» a encore une fois perdu l'occasion de se comporter en tuteur impartial en se montrant aussi ferme avec les Israéliens qu'ils l'ont été envers les Palestiniens. Ainsi, le quartette demande aux Palestiniens «de prendre des mesures immédiates et décisives contre les individus et les groupes se livrant aux attaques violentes», passant totalement sous silence les violences de l'occupation israélienne et de l'armée d'occupation contre la population palestinienne. L'occupation étant, par définition, elle-même une violence, on se demande comment le quartette a trouvé le moyen, sinon se montrer timide, de minimiser ainsi le s auxquelles se livre la puissance occupante, Israël, dans les territoires palestiniens. Si parallèlement les quatre parrains du plan de paix (USA, ONU, Russie et Union européenne) appellent Israël à «arrêter ses activités de colonisation», ils se gardent en revanche d'exiger le démantèlement des colonies juives de peuplement déjà existantes. De fait, le quartette, à l'exemple des Etats-Unis, fait comme si ces colonies sont un acquis pour Israël, alors même qu'elles constituent, en accélérant le morcellement des territoires palestiniens, le principal blocage à l'érection d'un Etat palestinien viable. Autant dire que le quartette a fait totalement chou blanc, plus grave, par certains de ses silences, il se fait même l'interprète de l'une des parties, Israël, par l'accentuation des pressions sur les seuls Palestiniens, tout en ménageant l'Etat hébreu. Dans ce lamentable gâchis de la communauté internationale, c'est encore le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan - qui, comme il le précisait, s'exprimait à titre personnel-, qui sauve quelque peu les meubles en tentant de replacer le contentieux israélo-palestinien dans son contexte, montrant, en réalité, par cette initiative, que l'ONU n'avait que peu de poids dans une structure totalement dominée par les Etats-Unis, autrement dit par Israël, lorsqu'il déclare que «des mesures audacieuses, dans la ligne de la feuille de route, semblent désormais nécessaires. Les petits pas n'ont pas marché. Il est peu probable qu'ils marchent dans l'avenir», souhaitant que ces mesures concernent «les besoins essentiels (des deux parties), sécurité pour Israël et fin de l'occupation pour les Palestiniens». M. Annan ajoute enfonçant le clou, «Des pas décisifs ne peuvent être engagés sans le consentement des parties. Mais, de même, il n'est possible de sortir de l'actuelle dangereuse impasse que par le regain d'implication internationale». Une implication que les Palestiniens réclament depuis des années, mais refusée par Israël, appuyée par les Etats-Unis, lesquels ont à maintes reprises bloqué, au Conseil de sécurité, des résolutions préconisant la mise sur pied d'une force internationale d'interposition (entre Israéliens et Palestiniens). Kofi Annan a ainsi mis le doigt sur le vrai blocage de la «feuille de route» mais, malheureusement ces propos courageux ont été le fait de l'homme, qui les tenaient, tenait-il à préciser, à titre personnel, et non ceux du secrétaire général, ce qui leur auraient donné plus d'envergure et mis la communauté internationale face à ses responsabilités. Un citoyen du monde dit tout haut ce que beaucoup de responsables internationaux pensent tout bas. Mais encore faut-il en convaincre Washington sans la coopération duquel les choses demeureront en l'état et la violence maîtresse des lieux, parce que Israël impuni impose au monde son diktat. En fait, poursuivant sa chasse aux Palestiniens, l'armée israélienne d'occupation s'est livrée hier à un vaste ratissage à Jénine et dans les camps limitrophes de cette ville autonome de Cisjordanie. Des dizaines de maisons ont été détruites et des militants et résistants palestiniens arrêtés. Opération ponctuelle, comme le soulignait un responsable de l'armée israélienne, pour lequel les arrestations et les destructions de maisons de Palestiniens sont choses communes et font partie des ordres à exécuter. Le quartette, lors de sa réunion de New York, n'a pas estimé que la destruction par Israël du patrimoine immobilier civil et institutionnel palestinien, contrevenant aux conventions internationales, méritait d'être dénoncée. Evidemment, comme le soutient Washington, les pressions sur Israël, ou sa condamnation, sont «improductives» faisant de l'Etat hébreu l'unique pays du monde où le droit et les lois internationaux sont inapplicables. Notons que le Premier ministre palestinien désigné, Ahmed Qorei, a fini par finaliser la composition de son gouvernement approuvée samedi par le Fatah. Ahmed Qorei présentera demain son cabinet à l'approbation du Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) selon des sources proches du gouvernement palestinien.