Trêve, affrontements sanglants, trêve, est le rythme infernal imposé actuellement à la population palestinienne, pratiquement prise en otage par le mouvement islamiste Hamas et le mouvement Fatah. C'est un week-end très meurtrier qu'a vecu la bande de Ghaza où des affrontements acharnés ont opposé les partisans des deux camps. Un bilan provisoire des combats fait état de 25 personnes tuées et plus de 250 autres blessées. Ces affrontements surviennent deux jours seulement après la proclamation d'une trêve entre les deux camps. Le dernier cessez-le-feu conclu vendredi dans l'ambassade égyptienne a Ghaza sous les auspices de la délégation sécuritaire de ce pays qui ne quitte pratiquement pas la bande de Ghaza, est le huitième du genre depuis le déclenchement de ces affrontements armés. « Le président Mahmoud Abbas et le chef du bureau politique du Hamas Khaled Mechaâl se sont entretenus par téléphone et ont convenu de faire des efforts pour mettre fin aux combats (...) dans l'intérêt du peuple palestinien et ouvrir la voie à la réussite du prochain dialogue mardi (demain) à la Mecque », a déclaré Nabil Abou Roudeina. Les chances de réussite de ce nouveau cessez-le-le feu paraissent aussi maigres que les précédentes car dans les heures qui ont suivi et au lendemain de l'accord, des combats étaient signalés dans plusieurs secteurs de la ville de Ghaza, surtout aux alentours des principaux sièges sécuritaires, cibles permanentes des combattants des brigades Ezzeddine Al-Qassam, la branche armée du Hamas et ceux de la force exécutive relevant du ministre de l'Intérieur Said Siam, du même mouvement. Les hommes du Hamas ont donné l'impression de chercher à dominer tous les centres sécuritaires dont ceux rattachés à la force de la garde présidentielle, dans ce qui a pris l'allure d'une tentative de putsch. Ils ont réussi à occuper plusieurs points militaires appartenant à divers services sécuritaires dans le nord de la bande de Ghaza où ils ont tué plusieurs éléments dont le colonel Abdelkader Slim, le chef du renseignement. Selon certains témoignages, cet officier aurait été exécuté après avoir été capturé vivant. Cette nouvelle escalade est intervenue dans l'après-midi de jeudi, suite à une embuscade tendue par des hommes du Hamas à un convoi militaire soupçonné de transporter des armes aux forces de la garde présidentielle. Cet incident a mis le feu aux poudres et mis fin à la trêve conclue lundi passé entre les deux camps. Comme une boule de neige, les affrontements se sont ensuite étendus à plusieurs secteurs de la bande de Ghaza. Une attaque au mortier et aux roquettes anti-chars contre un camp d'entraînement de nouvelles recrues de la force de la garde présidentielle a fait une cinquantaine de blessés. Les bureaux d'une radio locale et d'un syndicat d'ouvriers proches du Fatah ont été attaqués au mortier avant d'être totalement saccagés par des hommes de la force exécutive. La garde présidentielle a pénétré de son côté dans l'université islamique d'où des militants du Hamas avaient tiré des obus et des roquettes contre le complexe abritant les bureaux de la présidence. Selon un responsable des services de sécurité, des armes et des explosifs ont été saisis à l'université. Des éléments du Hamas se sont vengés d'une curieuse façon. Ils ont attaqué à l'explosif avant d'y mettre le feu, une université qu'ils considèrent proche du Fatah. La ville de Ghaza, dont la majeure partie était privée d'électri cité à cause de la destruction de certaines lignes principales au cours des combats a semblé s'enfoncer dans le chaos total. Des familles ont quitté leurs domiciles situés dans des quartiers où les combats faisaient rage. L'inquiétude et même la peur se sont emparé des citoyens qui ne sortaient pratiquement plus de chez eux, s'imposant un couvre-feu de leur plein gré. Néanmoins, la colère et la rage étaient des sentiments unanimement ressentis par cette population. Les Palestiniens vivent les moments les plus pénibles de leur histoire contemporaine. Leur cause nationale semble s'éloigner de plus en plus de la solution espérée. Plus personne ne parle de l'Etat indépendant, ni du retour des réfugiés, ni de la ville sainte d'Al-Qods qu'ils chérissent tellement. Le moment semble celui des règlements de comptes et des vengeances aveugles .