Le MSP revoit ses cartes à l'orée des élections législatives. Et comme première mesure, le Conseil consultatif (CC), instance suprême du parti qui s'est réuni du 31 janvier au 2 février, refuse aux cadres du MSP de parler désormais de dossiers de corruption. « La question est tranchée par les membres du Conseil consultatif. Il ne m'est plus permis d'en parler », a répondu Bouguerra Soltani, président du parti, à une question relative aux dossiers de corruption dont il avait parlé durant les deux derniers mois de 2006. Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, M. Soltani a expliqué qu'il s'agit d'une décision mûrement réfléchie au sein du CC, précisant qu'elle s'inscrit dans le cadre du recadrage pour ne pas dire du redressement de la ligne politique du parti, notamment en matière de lutte contre la corruption. Vertement critiqué en décembre 2006 par le président de la République sur cette question en le sommant de remettre à la justice les dossiers en sa possession, le chef du MSP reconnaît simplement avoir commis une erreur. « Tout responsable peut se tromper », se justifie-t-il devant les médias. Selon lui, la décision du CC n'est venue que pour corriger ces erreurs. « je ne vais pas parasiter le travail de la justice » Le président de l'ex-Hamas se refuse au moindre commentaire sur le procès Khalifa qui se déroule depuis le 8 janvier au tribunal criminel de Blida. « L'affaire est en cours de jugement. Je ne vais pas parasiter le travail de la justice », a-t-il indiqué, soulignant avoir répondu favorablement à la convocation du tribunal en tant que témoin. Le MSP a également remanié sa position par rapport à certaines questions nationales. Bouguerra Soltani a ainsi affirmé que son parti renonce à sa revendication d'un gouvernement technocrate qu'il juge indispensable pour garantir des élections démocratiques et libres. « L'essentiel pour nous est que les élections se déroulent dans la transparence et la neutralité », s'est-il contenté de dire. S'il réclame toujours — et comme le FLN — la révision des codes communal et de wilaya, le MSP écarte définitivement la possibilité qu'il y ait des listes communes entre les membres de l'Alliance présidentielle. « 2007 est l'année de la compétition et non celle de la coalition », a-t-il signalé, comme pour dire que lors des échéances électorales « chaque parti est pour soi et l'Alliance pour tous ». M. Soltani argue la position de son parti par le fait que les autres membres de l'Alliance ne voulaient pas de listes communes. Appréhensions Le MSP se déclare, en outre, contre le jumelage des élections législatives et locales, proposé par le secrétaire général du FLN. « Nous sommes contre cette proposition, car nous sommes entièrement convaincus que techniquement et politiquement, il est impossible de le faire », a souligné M. Soltani, qui justifie cela notamment par le nombre important d'électeurs analphabètes (7 millions selon lui). Il appréhende même qu'une telle opération (jumelage) favorise la fraude et crée une cacophonie électorale. Aussi, M. Soltani se déclare défavorable au prolongement du mandat de l'actuelle APN. « Tant que la situation est normale, nous nous opposons à cette idée de prolongement du mandat de l'Assemblée », a-t-il appuyé, rejoignant de fait la position du RND, dont le secrétaire général, Ahmed Ouyahia, avait qualifié d'anticonstitutionnel un prolongement suggéré par le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, également secrétaire général du FLN. Si le MSP juge « négatif » le bilan de l'APN des 5 dernières années, M. Soltani défend bien le bilan de l'action parlementaire du parti. « Comparativement aux autres partis, le rendement de nos élus est positif. Nos 38 députés ont fait leur possible en proposant 11 projets de loi et amendements. » Selon lui, l'activité des députés aurait pu être plus « riche » si le MSP disposait de « la majorité ». Revenant sur la confection des listes électorales en perspective des législatives, M. Soltani a annoncé que cette opération se fera au sein des conseils de wilaya et au niveau de la base, affirmant qu'aucun militant du parti ne sera exclu.