Il enterre les derniers espoirs d'une action commune au sein de l'Alliance présidentielle. C'est un Boudjerra Soltani souriant et «soulagé par la décision prise par le conseil consultatif du MSP de le décharger du dossier concernant la liste de personnalités impliquées dans la corruption» qui a animé une conférence de presse au siège du parti, en présence du président dudit conseil, Hadj Hamou Megharia, et de quelques cadres de la direction nationale. «L'avis de 207 membres (le nombre des membres du conseil, ndlr) est plus juste que celui d'un seul», dira Soltani, avant que Hadj Megharia n'intervienne pour rectifier le chiffre qui est de 208. Un lapsus qui peut laisser place à des interprétations diverses, et d'annoncer qu'il est «heureux de cette décision du conseil qui le décharge d'un lourd fardeau». Désormais, le MSP, explique-t-il, parlera de la corruption en tant que «phénomène» en replaçant l'opération «Stop corruption!» sur le champ politique. L'autre point sur lequel il sera «désavoué» par ses pairs lors du conclave de Zéralda, concerne la limitation des mandats des députés. Là encore, sa réaction sera franche: «C'était mon avis mais le conseil a décidé de laisser le nombre de mandats ouvert, en chargeant les instances locales du parti de présenter les candidatures.» Ainsi, de larges prérogatives en matière de prise de décision concernant le choix des candidats et des listes électorales ont été données aux instances locales. Une discipline dans la conduite politique qui en dit long sur les débats houleux (60 heures d'après Soltani) qui ont eu lieu durant les trois journées de travail du conseil consultatif et qui semblent avoir défini le champ d'action du président du parti. En réponse à la question de savoir si des lignes rouges ont été tracées par le conseil consultatif au président du parti, Soltani aura une réponse évasive, à savoir que «les limites sont définies par les lois de la République» en insistant sur le principe de la «non-normalisation des relations avec Israël». Au sujet de l'avenir politique de l'Alliance présidentielle, le président du MSP aura une réponse tranchée: «Notre parti a proposé des listes communes en vue des prochaines élections, mais cette voix n'a pas été entendue, nous nous préparons en conséquence» avant de lâcher cette phrase très significative «l'année 2007 sera celle de la concurrence et non de l'alliance!». Ce qui sous-entend que les alliés d'hier feront chacun cavalier seul en prévision des prochaines échéances électorales. Sur ce dernier point, il informera l'assistance que son parti est partisan de la révision de la loi électorale afin de donner plus de prérogatives aux élus locaux en signalant au passage sa préférence pour la proportionnelle qui reflète le mieux le paysage politique existant. Pour ce qui est de la proposition émise par le FLN de jumeler les deux élections prévues pour cette année, Soltani, tout en indiquant que son parti ne s'oppose pas à cette proposition, pense que «sur le plan théorique, elle peut économiser de l'argent à l'Etat mais sur le plan pratique, il s'agit d'une opération qui participe non seulement à l'exercice de la fraude, mais à brouiller les cartes chez l'électorat dont une bonne partie est illettrée». De même, il appelle «au respect du mandat de l'actuelle assemblée car il n'y a pas de raison pour le prolonger, d'autant que la situation sécuritaire s'est améliorée. Il n'a y a pas d'excuses pour justifier une telle démarche», conclut-il. Enfin, il ressort de l'attitude de Boudjerra Soltani que le dernier conclave du conseil consultatif du MSP a remis de l'ordre dans la démarche et les actions politiques entreprises par le parti et son président en réajustant la feuille de route, laissant planer dans l'air une question à laquelle il est peut être encore prématuré de tenter d'apporter une réponse: Soltani est-il sorti soutenu ou affaibli de cette réunion marathon de l'instance suprême du mouvement?