Amar Saâdani, entouré de dix députés dont le vice-président de l'APN Boutouiga Benhlima, participera aujourd'hui au congrès du parlement à Paris.Amar Saâdani, président de l'APN, n'a pas attendu un mois, après le déplacement de son homologue français à Alger, pour répondre « à l'invitation » et prendre l'avion vers Paris pour une visite longue de cinq jours. Qu'est-ce qui a motivé cet empressement, valable qu'en situation d'urgence ? Amar Saâdani, entouré de dix députés dont le vice-président de l'APN Boutouiga Benhlima, participera aujourd'hui au congrès du parlement à Paris. Assemblée nationale et Sénat vont introduire deux amendements à la Constitution française sur la définition du corps électoral pour les scrutins de province et sur l'inviolabilité du chef de l'Etat. La présence des députés algériens, à cette activité interne, est-elle pédagogique ou protocolaire ? Les députés algériens ont, et pour des missions variées, visité la France douze fois depuis 2002, date du début de l'actuelle législature. En tout, 45 pays ont été visités depuis l'installation de l'APN. Un petit record qui cache un petit bilan sans aucune incidence réelle sur le plan diplomatique, parlementaire ou politique. Amar Saâdani s'est déjà rendu à Paris en 2004 pour participer à une réunion des présidents de parlement des pays membres du groupe du dialogue informel des « 5+5 » de la Méditerranée. Grand voyageur, le président de l'APN a, en cinq ans, fait le déplacement au Maroc, en Tunisie, en Jordanie, en Egypte, au Vietnam, au Koweït, en Iran, aux Etats-Unis, en Italie, aux Philippines, en Turquie, au Nigeria, en Espagne et en Suisse. Mis à part l'aspect diplomatique routinier, il est difficile de trouver trace des résultats probants de ces visites. C'est que la diplomatie parlementaire algérienne est impersonnelle. Elle fait un travail parallèle caractérisé par un manque de stratégie et qui échappe souvent aux règles de transparence. C'est simple : le Parlement ne rend pas compte de ses activités internationales à l'opinion publique, mais à l'Exécutif au moyen de rapports confidentiels. Cela réduit cette institution, censée être lieu de la représentation nationale, à un marginal auxiliaire du ministère des Affaires étrangères, sans que la compétence y soit mise à contribution. La communication primitive du Parlement se limite souvent à annoncer les actions internationales des députés sans explications ni mise en contexte. Allez, une question : que fait la commission des Affaires étrangères de l'APN ? Quel est son apport aux débats internationaux ? A-t-elle produit des documents, suscité des débats, interpellé le gouvernement sur des questions importantes... ? Amar Saâdani aura des entretiens avec plusieurs hauts responsables français, dont le Premier ministre Dominique De Villepin, et le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy. Faut-il s'attendre à des annonces spectaculaires ? A des propos qui vont marquer les relations entre les deux pays ? Assurément, non. D'abord, parce que tous ces hauts responsables sont partants, l'élection présidentielle devant se tenir dans moins de 60 jours. Un scrutin à risque élevé pour la droite au pouvoir qui aspire à planter le médiatique Nicolas Sarkozy au Palais de l'Elysée. Ensuite, parce que l'APN, elle-même, prépare ses bagages, les législatives devant se dérouler à la mi-mai. En pratique politique, il ne faut rien attendre de responsables en fin de mandat. C'est ce qu'a compris Jacques Chirac qui, en marge du dernier sommet Afrique-France (anciennement France-Afrique), a renvoyé, en termes soyeux, la signature d'un traité d'amitié entre la France et l'Algérie. Jacques Chirac n'a même pas eu le temps de recevoir son homologue algérien en tête à tête, comme ce fut le cas auparavant. Cela fait déjà oublier les heures pleines et entières qu'a consacrées le président algérien à ses invités français, Jean Louis Debré, président de l'Assemblée nationale, étant le dernier en date, lors de leurs visites à Alger. Le passage de Abdelaziz Bouteflika au sommet de Cannes, ville du cinéma, ressemble presque à une fumée blanche. L'Algérie n'avait rien à gagner dans un sommet dont l'utilité pour l'Afrique se limite à occuper quelques espaces minimes dans les médias internationaux. Pas plus. Paris peine à convaincre le reste de l'Afrique à prendre part à ce genre de cérémonial. Preuve en est : la présence de l'Allemande Angela Merkel au nom de l'Union européenne. De là à penser que Amar Saâdani va peser de « tout son poids » pour donner un nouveau souffle aux relations entre l'Algérie et la France, c'est faire montre de peu d'élégance. Comme, dans les salons parisiens, l'exigence est d'être en tenue correcte et d'avoir le sourire charmeur...