Israël n'est certainement pas le pays des statistiques, mais cela ne l'empêche pas de marquer des haltes et de dresser un constat peu courant à vrai dire, mais dont les résultats donnent des inquiétudes plus certainement que des pertes infligées par les résistants palestiniens. Il s'agit pour lui, comme de quelqu'un que l'on dit rongé par le remords, de se regarder dans une glace et de se demander chaque matin si ce qu'il fait pas n'est bon, mais s'il est accepté en dehors de certains cercles. La réponse est évidemment non, et si celle-ci n'est pas exprirmée ouvertement, c'est grâce au terrorisme en règle qu'exercent les différents lobbys pro-israéliens présents dans tous les cercles d'influence en Europe notamment, où l'opinion, comme l'a révélé un sondage, trouve même à redire sur les politiques européennes à l'égard du Proche-Orient. Selon un rapport secret du ministère israélien des Affaires étrangères dont les grandes lignes ont été révélées cette semaine par la radio militaire, l'image d'Israël dans le monde risque de se détériorer et pourrait prochainement être comparée à celle de l'Afrique du Sud lors de l'apartheid, son ancien allié au point de constituer avec lui un axe majeur encerclant l'Afrique et le monde arabe. Intitulé « L'arène internationale dans la prochaine décennie », le rapport avertit que si le conflit israélo-palestinien perdurait, l'Etat hébreu irait au-devant d'un affrontement avec l'Europe. En fait, le rapport aussi accablant soit-il produit des évidences évitées jusque-là grâce à des politiques au moins complaisantes, sinon complices allant jusqu'à prendre en charge le discours israélien et en faire le soubassement d'une politique proche-orientale erronée, toutefois, puisqu'il travestit les données de base de cette question, toutes liées à l'occupation israélienne. A en croire les auteurs de ce rapport, Israël pourrait perdre sa légitimité internationale et serait frappé d'ostracisme à l'instar du régime ségrégationniste en Afrique du Sud. Et tout cela traduit l'échec des politiques israéliennes toutes tendances confondues puisqu'elles ont toutes été marquées par la négation des droits nationaux du peuple palestinien et l'occupation par la force des territoires arabes. Le ministère des Affaires étrangères met en garde dans ce rapport le gouvernement d'Ariel Sharon contre le fait de négliger ses liens avec l'Europe, ce qui pourrait avoir des conséquences politiques et économiques graves pour le pays lié à l'Europe par un accord d'association, considérée par ailleurs comme un tiroir-caisse, et jamais comme un partenaire politique. Il faut pour cela, il est vrai, qu'elle ait une politique étrangère commune, et qu'elle refuse sa maginalisation perçue presque comme une fatalité. Des sanctions de l'Europe, notamment, auraient un effet dévastateur sur l'économie israélienne. L'Union européenne toutefois n'a pas l'intention de suspendre l'accord d'association qui la lie à Israël, a indiqué vendredi la Commission européenne en réponse à l'appel du rapporteur des Nations unies pour le droit à l'alimentation, Jean Ziegler, préconisant une telle mesure. Il « n'est pas prévu de suspendre l'accord d'association », a déclaré Emma Udwin, la porte-parole du commissaire européen aux Relations extérieures, Chris Patten, après l'appel de M. Ziegler pour une suspension de l'accord, seul moyen selon lui de faire respecter le droit à l'alimentation des Palestiniens. La crainte qu'Israël ne devienne un Etat paria est réelle mais la situation pourrait changer l'année prochaine si le plan de retrait de la bande de Ghaza de M. Sharon se concrétise, estime David Kimche, ancien directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères. Ce qui est démenti par le propre conseiller d'Ariel Sharon, Dov Wiessman, qui a indiqué à quel point cette initiative n'était rien d'autre qu'une incroyable supercherie. Il est vrai par ailleurs que l'Europe brise ce cercle de la fatalité et de l'impuissance en regardant de plus près ses intérêts, et ne plus les laisser à la merci de politiques criminelles, et encore plus de personnes fussent-elles des Premiers ministres comme Ariel Sharon actuellement qui croient ne rien devoir aux autres. En tout état de cause, et même s'il est certain que la politique israélienne à l'égard des Palestiniens peut encore durer, elle ne le sera pas indéfiniment, car l'Europe à titre d'exemple ne peut plus longtemps aller à l'encontre de sa propre opinion et de ses intérêts. Comme elle refuse d'être complexée encore plus longtemps. Là, l'échec israélien deviendra retentissant.