Mission accomplie. C'est ainsi que s'est exprimé le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, lors de sa conférence de presse tenue quelques minutes après la clôture des assises nationales de l'industrie. Il en voudra pour preuve symbolique la remise de l'ensemble des recommandations formulées au chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, qui a pris part à la dernière séance plénière. « Maintenant, il s'agit de faire appliquer la stratégie, et ce n'est pas chose facile », tient à souligner Temmar qui rassure que « la moisson de recommandations enrichira la mouture initiale de la stratégie industrielle ». S'agissant des étapes suivantes, le ministre des Participations ne s'est pas voulu trop bavard tant ce qui attend les pouvoirs publics est ardu. Dès le bouclage de sa rédaction, le document final passera à l'adoption au premier Conseil des ministres qui se présente. C'est le seul point du calendrier sur lequel s'est avancé Temmar. Quant au pilotage et au suivi de la mise en œuvre de ladite stratégie, aucun cadre n'existe pour l'instant. Du moins à s'en fier aux propos du ministre qui est pour l'instauration d'un cadre « consensuel » intégrant les patrons, le syndicat et les universitaires. Cependant, lors de la séance matinale de la commission traitant de l'environnement économique de l'entreprise, le délégué du ministère des Participations avait anticipé sur cette question en dévoilant que « le chef du gouvernement a installé, depuis un mois, huit commissions ministérielles en charge de réfléchir sur le plan d'action ». Une attitude immédiatement désapprouvée par Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE) qui rebondira en disant : « Si nous commençons par prendre le chemin des commissions ministérielles, nous faisons déjà fausse route. » L'autre aspect qui a accaparé l'attention des opérateurs économiques est le financement de cette stratégie. Abdelatif Benachenhou, exprimant un avis personnel, a souhaité l'élimination de la voie budgétaire. Pour le conseiller du Président et ancien ministre des Finances réputé pour son austérité budgétaire, « c'est au marché financier de jouer pleinement son rôle ». Temmar est pour une autre approche. De manière officielle, le ministre des Participations annonce que « l'Etat doit mettre de l'argent sans pour autant oublier le marché financier, notamment celui des capitaux ». Concernant les recommandations proprement dites, il s'en dégage chez les uns et les autres un sentiment positif. Les appréhensions sur le penchant par trop important à asseoir la stratégie sur l'attractivité des investissements directs étrangers (IDE) ont été levées. Les travaux de la commission « Théâtre économique international - investissement » ont conclu à donner la primauté à l'opérateur national. « Il n'est pas question de substituer l'IDE à l'investissement national privé… En cas de concurrence entre ces deux types d'investissement, la préférence devrait aller à l'investissement national », recommande le rapport de la commission qui précise par ailleurs qu'« il convient d'encourager les IDE surtout en hors hydrocarbures et de leur donner des avantages supplémentaires quand ils s'inscrivent dans les branches prioritaires ». Les recommandations ont abordé le rôle des douanes dans la régulation des importations, de la Banque d'Algérie dans la politique des changes et la nécessité de reconfigurer le système fiscal national en le simplifiant, et l'incitation des banques étrangères à s'intéresser au financement de l'investissement. La commission, qui s'est penchée sur « les choix industriels stratégiques », a attiré l'attention sur le sens même de filières prioritaires. Le rapporteur dira : « La priorisation peut freiner les filières non retenues. » Cette commission reproche à l'avant-projet « l'absence des projections industrielles des filières retenues ». Pour rappel, les filières retenues sont les industries électriques et électroniques, l'industrie pharmaceutique, les industries agroalimentaires, les industries mécaniques et automobiles ainsi que la pétrochimie-engrais. Des participants ont suggéré d'ajouter le textile et le cuir, les branches de la charpente, chaudronnerie lourde et les industries des biens d'équipement, les industries liées à l'eau et aux énergies et enfin les industries de construction navale. Temmar a promis de perpétuer l'espace de dialogue qui est né. Les patrons pour leur part attendent que le ministère des Participations tienne sa première promesse, celle de faire parvenir leurs propositions au Conseil des ministres.