Entrer en collision est devenu un sport national chez les automobilistes, ces dernières années. Certains axes sont devenus de vrais coupe-gorge, par la conjugaison de plusieurs facteurs, au premier rang desquels se trouve l'état des routes. Les accidents passent facilement de « très graves » à « mortels ». La route de Draâ El Mizan des années 1990, fief des faux-barrages, paraît autrement plus sûre, aujourd'hui, que le tronçon de Chaouffa, sur la RN12, entre Tizi Ouzou et Azazga. Les compteurs de la Protection civile s'affolent et son chargé à l'information demande du temps pour établir le bilan des dernières semaines. Quatre personnes ont été tuées récemment dans la même collision, à cet endroit. Les habitants du bidonville de Chaouffa ont tous assisté à des accidents, ont eu à intervenir en extrême urgence pour désincarcérer les victimes. L'excès de vitesse est souvent en cause, mais la chaussée recèle des défauts de fabrication, avec des excavations en série. La route d'Azazga est restée dans sa configuration initiale des deux voies, alors qu'elle est devenue un axe de liaison avec les wilayas de Béjaïa, Jijel et Sétif, et dans l'autre sens, vers Alger. L'afflux automobile a connu une véritable explosion ces dernières années, provoquant des engorgements chroniques et des comportements de conduite dangereuse. Qu'ont fait les responsables en charge du secteur pour prévenir la saturation de l'infrastructure routière ? Dans le plan de développement de l'année 2007, présenté par la wilaya de Tizi Ouzou, l'on apprend l'inscription d'un projet d' « aménagement de la RN12 en axe autoroutier Tizi Ouzou – Azazga. Un projet de 38 km en deux fois deux voies qui a pour objectif de moderniser la RN12 ». Il a fallu que la situation atteigne le seuil critique pour que les pouvoirs publics soient sensibilisés sur l'urgence de « développer et de moderniser ». Le projet avance lentement puisque le cahier des charges d'un premier lot de 12 km a été seulement introduit auprès de la commission nationale des marchés. Le projet d'une voie ferroviaire n'est même pas ébauché, alors que c'est la seule façon d'évacuer de la circulation automobile, le transport de marchandises et les camions de gros tonnages, devenus la terreur des automobilistes.