Le destin de l'Algérie se joue sur les cinq à six années prochaines », a estimé le président du RCD, Saïd Sadi, lors de son passage hier au Forum de la Chaîne III de la Radio nationale. Pour lui, si l'on ne veut pas une nouvelle déstabilisation du pays, il faut mettre en place, dès lors, les conditions favorisant l'assainissement du climat politico-économique. Les conditions les plus urgentes sont, a-t-il soutenu, la restitution du service public aux citoyens et « la moralisation de la vie publique ». Ce sont, a-t-il enchaîné, les objectifs primordiaux de l'appel « au dialogue pluriel » lancé par le RCD à l'issue de son 3e congrès, tenu les 8 et 9 février dernier. Ce dialogue, a précisé le leader du RCD, est l'unique voie permettant de dégager un véritable projet de société. « Nous sommes disposés à débattre avec tous les partis politiques pour trouver la solution à la crise actuelle. Nous sommes disposés à analyser toutes formes de propositions émanant de ces partis », a-t-il déclaré en précisant que son parti a déjà établi des contacts avec quatre personnalités politiques. Toutefois, la crise nationale, a-t-il souligné, ne concerne pas uniquement les partis politiques, mais tous les segments de la société. Afin d'endiguer le phénomène de la corruption, l'orateur a réitéré son appel à bannir la fraude électorale. « Le bourrage des urnes favorise la corruption et crée les conditions pour de nouveaux scandales financiers. Vous ne pouvez pas avoir des fraudes massives et vous plaindre de la corruption », a-t-il lancé en insistant sur la nécessité de respecter le choix populaire dans les élections et de permettre à la population d'élire ses vrais représentants. « Nous avons un problème de représentativité », a-t-il indiqué. La démocratie participative, selon Saïd Sadi, passe par l'élection de vrais représentants de la société. Dans ce sens, il a appelé à la décentralisation maximale de la représentation populaire. « Je ne connais aucun pays développé au monde qui encourage la centralisation de la représentation populaire », a-t-il ajouté. Revenant sur l'affaire Khalifa, Sadi a estimé que ce dossier a été mal géré, à commencer par la création du groupe en question. La liquidation du groupe, selon lui, s'est faite dans la précipitation, alors qu'il y a une autre alternative : sauver les postes d'emploi et économiser les biens publics. A la question de savoir pourquoi on s'est précipité à liquider le groupe Khalifa, Saïd Sadi n'a pas voulu faire de commentaire. « Je n'aime pas spéculer. Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'arrière-pensée derrière sa liquidation », a-t-il répondu. S'agissant de la stratégie industrielle élaborée par le gouvernement, Saïd Sadi considère « qu'on a renversé les choses ». Si, a fortiori, le projet est bon, il fallait, a-t-il suggéré, commencer d'abord par l'assainissement de l'environnement bancaire et la résolution du problème du foncier industriel. « Nous avons l'un des systèmes bancaires les plus archaïques dans la Méditerranée », a-t-il souligné. Evoquant la démission de certains militants du parti, structurés au niveau de la commune de Mohammadia (Alger), Saïd Sadi a affirmé qu'il y a uniquement 22 personnes qui sont rentrées illégalement dans les locaux du parti dans cette localité. Selon lui, le parti a porté plainte contre eux et l'affaire sera traitée par la justice.