Les portes de la maternité du CHU Ben Badis sont fermées depuis deux jours aux femmes en instance d'accouchement, créant un état de panique chez les parturientes et leurs familles. Tout le poids de ce service névralgique, à portée régionale, pouvait être mesuré devant cette situation inédite qui a donné du fil à retordre à la direction générale du CHU. La condamnation,il y a deux jours, du professeur Barkat, chef du service en question et son anesthésiste à une année de prison avec sursis, est à l'origine de cette paralysie. Le professeur Barkat a dû répondre, en tant que responsable, au chef d'inculpation de négligence et faute grave ayant entraîné le décès d'une femme admise à son service. Au moment où l'actualité s'est emparée de l'affaire, suscitant par ailleurs l'indignation de la communauté médicale, le professeur ainsi que le seul médecin spécialiste du service étaient absents hier, les deux ayant déposé le même jour des congés de maladie de 30 jours, affirment les médecins résidents rencontrés sur place et qui ont tenu à préciser, cependant, qu'il ne s'agit nullement d'une grève. Ces derniers, au nombre de 37, ont choisi, en effet, de geler leur activité en se référant à une circulaire qui leur interdit d'exercer en l'absence d'une couverture. A cette catégorie s'ajoutent six autres médecins qui, après avoir décroché leur diplôme de spécialiste en gynécologie, ont vu leur contrat prolongé sur décision du DG pour assister les résidents. Ces spécialistes, scandalisés par la décision de justice à l'encontre de leurs collègues et outrés par les conditions de travail devenues plus qu'impossibles, ont déposé leur démission sur le bureau de M. Zermane, DG du CHU. Ce dernier a choisi de ne pas signer les démissions jusqu'à samedi, en réquisitionnant les six concernés pour assurer les gardes en attendant de trouver une solution définitive au problème. Pour un service qui prend en charge plus de 13 000 accouchements et environ 3500 césariennes par an, il s'agit bien d'un sérieux problème. Le département de Amar Tou n'a jamais répondu aux demandes de renforcement de l'encadrement et aucun poste budgétaire n'est venu débloquer la situation, qui pourtant n'a pas besoin davantage d'arguments.