Gigantesques cités du genre 3600 logements, nouvelles ruelles sans noms, boîtes aux lettres saccagées : les facteurs ont de plus en plus de mal à faire parvenir le courrier aux destinataires. Las de cette situation, de nombreux citoyens mécontents ouvrent une boîte aux lettres dans leur quartier ou circonscription. La demande est si importante que certains receveurs sont obligés de refuser des clients. C'est le cas de la petite poste de la rue Khalifa Boukhalfa : « Nous avons de nombreuses demandes en instance et les 78 boîtes postales que compte notre poste sont toutes louées », nous révèle le receveur de cette structure. Consciente de la forte demande exprimée par les clients pour la poste restante, Algérie-Poste a pris le taureau par les cornes en équipant la quasi totalité des postes de batteries supplémentaires, comme nous le confirme Nourredine Boufanara, chargé de la communication au sein de cette entreprise. « Nous sommes en train de doter les bureaux de poste de boîtes postales supplémentaires— mobiles — en fonction de l'espace disponible et cela pour satisfaire les nombreuses demandes en attente. En outre, des points de poste de proximité seront bientôt mis sur place pour se rapprocher davantage du citoyen », ajoute-t-il. La poste de la rue Hassiba Ben Bouali, inaugurée en 1998, est dotée de 156 boîtes postales toutes louées. D'autres le seront incessamment. Les tarifs sont de 800 DA la boîte aux lettres, avec la possibilité d'être 2 ou 3 personnes à partager la même poste restante. « Un supplément de 160 DA par personne à payer. Au bout d'un an, le client doit renouveler sa location. Il a un délai d'un mois pour le faire, passée cette date, la boîte postale est affectée à un autre client », nous révèle un responsable. « C'est le cas notamment en cas de décès », précise-t-il. Echange épistolaire entre deux amoureux, attente de documents importants (ex-visa, carnet de chèques, certificat d'hébergement...), méfiance à l'égard de voisins susceptibles d'ouvrir leurs plis, ou tout simplement les boîtes aux lettres détériorées dans leur immeuble sont les motifs invoqués par la plupart des personnes rencontrées dans cette poste et qui ont préféré avoir recours à la poste restante. Quant aux facteurs, ils s'avouent impuissants devant l'étendue des actes de vandalisme qui n'épargnent pratiquement aucune boîte aux lettres. L'un deux nous confie dépité : « Les gens me demandent de leur laisser leurs lettres chez l'épicier du coin, mais je leur conseille plutôt d'ouvrir une boîte postale, c'est plus sûr. Le courrier recommandé par exemple doit être remis au destinataire, en main propre. Dans le cas où je ne trouve pas d'adresse, les plis sont rapportés à la poste et mis au rebut (centre de tri) ». Signe des temps, certains gérants de taxiphone ont décidé d'offrir un service de proximité à leurs clients en dotant leur local de boîtes postales. C'est le cas d'un taxiphone situé à la rue Abou Hamou Moussa (ex-rue Daguerre), à deux pas du boulevard Mohamed V, qui dispose de 18 boîtes postales, prix : 600 DA par mois. Avec le lancement des points de poste de proximité dont le premier sera bientôt inauguré par Algérie-Poste à Bab El Oued (les 3 Horloges), la poste devrait pouvoir répondre aux besoins d'un plus grand nombre de clientèle.