Sur les traces de la célèbre croisière noire de Citroën en 1924 et après la Tunisie et l'Algérie, les compagnons d'Eric Massiet du Biest chef de l'expédition sont à présent au Niger. Ils parcourront 23 655 km en 5 mois et traverseront 16 pays africains dans le cadre du Biotreck un programme de cinq missions transcontinentales étalées de 2007 à 2011 qui sillonneront la terre. Le but de cette première expédition est de dresser un portrait de la biodiversité dans l'Afrique contemporaine et les modèles réussis où écologie et économie se marient au service du développement durable. Depuis son départ de Paris le 8 février dernier, l'expédition a parcouru la Tunisie, le Sud algérien, pour arriver le 3 mars au Niger qu'elle quittera vers le 13 pour le Tchad et d'autres pays avant de finir fin juin à l'Ile de Madagascar pour assister à un symposium international sur la biodiversité les 28 et 29 juin prochain. A souligner particulièrement la contribution du FFEM, un fonds public bilatéral créé en 1994 par le gouvernement français à la suite du Sommet de Rio, dont l'Afrique bénéficie des trois quarts de ses engagements totaux, soit 13 millions de dollars en 2006. L'expédition offre l'opportunité idéale à d'autres interventions telles que le lâcher d'antilopes en Tunisie et au Niger dans le cadre de la protection des dernières antilopes sahélo sahariennes, à l'amélioration de la gestion de la chasse en Centrafrique qui consiste en la valorisation de la « filière viande de brousse » pour concilier les objectifs de conservation et les besoins des populations locales, une visite à la forêt de Lomako en RDC pour un projet de gestion communautaire de la biodiversité mené avec le soutien de l'ONG anglosaxonne African WildlifeFoundation), la réhabilitation du Parc du Meru au Kenya, en Afrique du Sud, le projet de protection du Parc de la péninsule du Cap qui donne un exemple de sauvegarde de la biodiversité en lien avec la réappropriation culturelle de leur environnement par les populations noires tout en étant en pleine zone urbaine et à Madagascar le projet de sauvegarde de la biodiversité extraordinaire des forêts sèches du plateau Mahafaly et la mise en place d'activités écotouristiques viables permettant de maintenir un corridor biologique entre les parcs nationaux de Ranomafana et Andringitra. En plus du suivi de plusieurs projets d'élimination de substances qui appauvrissent la couche d'ozone (SAO), en l'occurrence des chloro-fluoro-carbures (CFC) en Ouganda, en Tanzanie, au Kenya et à Madagascar. Nous n'avons retrouvé aucun projet concernant l'Algérie qui a été un des pays clés dans le parcours et dont plusieurs problèmes relatifs à la protection de la biodiversité ont été exposés lors du passage de l'expédition sur l'axe El Oued, Ouargla, Ghardaïa, El Golea, In Salah Tamanrasset. Par ailleurs, le symposium scientifique, qui sera organisé les 28 et 29 juin prochain à Madagascar, donnera la parole en priorité à des experts scientifiques et hommes de terrain locaux à propos des problèmes et solutions trouvées pour les résoudre. Les intervenants internationaux prendront la parole dans un second temps pour apporter des éléments de réflexion et imaginer l'emploi des biotechnologies et écotechnologies pour encourager des initiatives africaines et collaboratives de développement durable dans le respect de la biodiversité. L'autre aspect important de cette transafricaine est l'utilisation de véhicules fonctionnant au bioéthanol. En plus de deux 4x4 Santana à carrosserie Land Rover et moteurs Iveco pour le transport du matériel lourd, deux véhicules Citroën Traction avant 11 B de 1949 et 1950 fonctionneront au bioéthanol, dont Total assurera la livraison tout au long du trajet. Quatorze tonnelets de biocarburant fabriqué par la société Lyondell, d'une capacité de 54l chacun, seront livrés au fur et à mesure de l'avancement de l'expédition. Ce dérivé du bioéthanol, l'ETBE consommé avec un pourcentage de 15% mélangé à l'essence sans plomb semblait ravir le mécanicien ainsi que les chefs de l'expédition que nous avons rencontrés à Ouargla le 24 février dernier lors de la seconde livraison. Ils estiment que la voiture roule mieux et se proposaient même de passer à 20% de bioéthanol sur l'une des deux Citroën. Tout au long de son parcours africain, l'expédition Biotreck Africa 2007 s'alloue plusieurs missions, celle de l'observation et des rencontres avec les populations locales et le réseau universitaire africain sur le thème sensible de la biodiversité, celle de la promotion sur le terrain des objectifs majeurs de la Convention sur la diversité biologique (CBD) de Rio entrée en vigueur en 1993, ratifiée par 178 pays et qui engendra plus tard la Convention de Kyoto, à savoir la conservation de la diversité biologique, une utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable de ses profits. C'est dans cette optique qu'Eric Massiet du Biest parle d'illustration en images d'expériences réelles à travers les pays du Biotreck Africa 2007 dans les domaines de la bioénergie, la gestion de l'eau, l'agriculture raisonnée, la valorisation de la biodiversité ainsi que la santé et médecine traditionnelle. Les amateurs peuvent se connecter au site www.biotreck.org pour suivre chaque jour la progression de cette transafricaine et visionner les vidéos et photos hebdomadaires des reportages réalisés en cours de route.