Eric Massiet du Biest est créateur et président de l'association Biotreck-expéditions et organisateur de raids internationaux en traction depuis 1985. Rencontré à Ouargla après une sortie en palmeraie pour constater les effets néfastes de la remontée des eaux sur l'écosystème oasien, il repond à nos question. Quel est le but réel de cette expédition ? Nous estimons que la planète Terre est en danger et qu'il est grand temps de réagir face à la dégradation accrue de la biodiversité, le réchauffement climatique… Biotreck Africa 2007 est précurseur en ce sens qu'il regroupe une dizaine de journalistes, photographes et producteurs qui veulent sensibiliser par l'image sur les ravages subis par le continent africain en 83 ans depuis la croisière noire. Nous avons effectué un voyage de préparation et savons qu'il y a des exemples concrets illustrant la réelle possibilité d'un développement durable des économies locales tout en respectant la biodiversité. La Tunisie a été votre première escale, quels enseignements en tirez-vous ? Il y a tout d'abord l'importance de la coopération dans l'intégration de la notion de préservation de la biodiversité dans les économies locales. La coopération franco-tunisienne a permis de lancer des projets allant dans le sens de la revalorisation de la biodiversité, et puis il y a les résultats du terrain qui ont démontré que l'élève a surpassé le maître. Au Kef, dans la région de Mateur à 20 km à l'ouest de Tunis, le développement de la technique du semis direct qui consiste en un grattage sans labour de la terre a permis la réhabilitation de 9000 ha de terres depuis 1999. Pour le moment, une quarantaine d'agriculteurs s'adonnent à cette technique dont l'outil est certes coûteux pour l'heure mais qui pourra être démocratisé d'autant plus que les résultats sont là pour prouver une nette amélioration des sols, des buttes et un retour des lombrics, donc une fertilisation des terres. Il y a ensuite l'utilisation du bioéthanol dans cette expédition qui nous donne satisfaction. Jusqu'à maintenant, il s'agit là d'un test de validité sur la plus longue période et la plus grande distance jamais parcourue avec du biocarburant qui améliore l'indice d'octane et comme il est pour la moitié de sa composition issue d'un produit renouvelable, il contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Vous qui êtes un passionné des expéditions Citroën, qu'avez-vous ressenti en découvrant la stèle Citroën commémorant la croisière des sables à Touggourt ? Très émouvant a été notre passage dans le centre de Citroën et malgré la nuit tombante, nous nous sommes arrêtés pour ce pèlerinage bouleversant du point de départ de la croisière des sables, 83 ans après. Heureusement, nous avons quand même pu prendre des images des six faces de l'hexaèdre et se remémorer les hommes qui ont fait de cette première expédition automobile transsaharienne un exemple à suivre.