Le projet du gazoduc TSGP qui doit relier le Nigeria à l'Algérie était hier à l'honneur à Bruxelles où se tient la conférence sur le lancement de ce mégaprojet, en présence des ministres de l'Energie algérien, nigérian et nigérien, de hauts responsables de l'UE, des représentants d'entreprises énergétiques et de la presse internationale. Cette campagne de promotion vise à se rapprocher des partenaires et investisseurs potentiels, expliciter les avantages de ce projet dans toutes ses dimensions (exportations vers l'UE, effets sur le développement durable dans les pays de transit et leurs voisins, les aspects financiers du projet, et les aspects environnementaux) et installer le projet dans le mix des sources d'approvisionnement énergétique de l'UE. Cette rencontre était également l'occasion de présenter l'étude de faisabilité du projet par le bureau d'études britannique Penspen/IPA qui l'a réalisée. La concrétisation de cette infrastructure, nécessitant un investissement de 10 milliards de dollars, est classée comme "projet prioritaire" dans le programme du NEPAD, eu égard à ses retombées économiques dans les pays de transit et leur voisinage. En effet, le Centre et le Nord nigérians, comme le Grand Sud algérien, régions dépourvues d'infrastructures gazières, bénéficieront grâce au TSGP de l'approvisionnement en gaz tandis que le Niger, pays de transit, et les pays limitrophes tels que le Mali et le Burkina Faso, pourront tirer profit de la proximité de cette source d'énergie. L'arrivée du gaz naturel dans ces contrées favorisera la création de zones économiques viables et propres et, partant, la fixation des populations et la diminution des flux migratoires vers l'Europe. En outre, il permettra d'éviter dans ces régions, l'utilisation du bois pour leurs besoins en énergie, un bois prélevé sur les maigres surfaces boisées, seuls remparts contre la désertification. Ce projet de gazoduc intercontinental d'envergure mondiale d'une longueur totale de 4 128 km dont 1 037 km traverseront le territoire du Nigeria, 841 km parcourront le Niger et le plus long tronçon, 2 310 km, traversera l'Algérie jusqu'à la côte méditerranéenne. Le projet, qui prévoit également la construction d'une vingtaine de stations de compression, aboutira, sur sa partie onshore, soit à Beni-Saf à l'Ouest ou El-Kala à l'Est, précise-t-on de même source. Le potentiel de 20 à 30 milliards de m3 de gaz nigérian est destiné, notamment, à contribuer significativement à la couverture du déficit gazier de l'Union européenne. La mise en gaz du pipeline se fera, selon Sonatrach et NNPC qui supervisent le projet, très probablement à partir de 2015. Ce timing permettra un positionnement renforcé du gaz africain sur le marché européen dont les projections de développement prévoient un déficit notable à partir de 2015. L'Algérie confortera sa position à cette échéance, en devenant aussi un pays majeur de transit d'hydrocarbures vers l'Europe. L'Algérie est le 3ème fournisseur de gaz de l'Europe avec plus de 55 milliards de mètres cubes (19.1% des importations de l'UE) et avec les nouveaux gazoducs Medgaz et Galsi, les exportations pourraient atteindre 78.5 milliards de mètres cubes. S'y ajoute le projet d'extension du gazoduc qui lie l'Algérie et l'Italie via la Tunisie qui pourrait acheminer 7.5 milliards de mètres cubes supplémentaires, ce qui placera le pays au 2e rang des fournisseurs de l'Europe, à un niveau très proche du premier fournisseur, la Russie.