Tout comme le conflit entre hommes et femmes ou entre Blancs et Noirs est loin d'être arrivé à un stade intéressant de la négociation, la guerre entre le fond et la forme n'est toujours pas terminée. Dernièrement, un parti islamiste a organisé une campagne dans des villes de l'intérieur pour voiler les filles en offrant gratuitement des foulards. Au lieu de leur trouver un emploi, une formation ou simplement une raison de vivre, on a préféré penser à les voiler, espérant par là régler les problèmes de société comme on règle une maladie en la couvrant d'un foulard ou on remet le couvercle sur le puits pour ne pas voir ce qu'il y a dedans. Il faut peut-être le rappeler, les filles de l'intérieur du pays sont déjà voilées à plus de 95%. Ce qui pose problème est donc cette infime partie qui ose encore déambuler tête nue avec ce risque évident de recevoir un missile nucléaire ou une foudre divine sur le crâne, avec tous les dommages collatéraux imaginables. Bien sûr, au lieu de se battre sur l'hygiène qui a atteint des niveaux déplorables autant dans les villes que dans les campagnes, ou sur la corruption qui mine tous les espoirs de progrès, on préfère toujours soigner la forme. Justement, une fois toutes les Algériennes voilées, les problèmes seront-ils réglés ? Non. Car une nouvelle tendance se dessine, celle des hommes qui se voilent. En effet, on voit de plus en plus souvent des jeunes et de vieux pieux circuler avec une espèce de serviette sur la tête, signe d'appartenance islamiste très poussé qui, à force de ce mimétisme très algérien, tendra à se généraliser et à couvrir tous les hommes. Une fois donc toutes les Algériennes et tous les Algériens voilés de la tête aux pieds, les problèmes seront-ils réglés ? Non. Mais on pourra toujours aller plus loin et imaginer un peuple de 30 millions en scaphandre évoluer lourdement. Sans eau, bien sûr.