Ce qui doit être consacré par une démarche « institutionnelle, une organisation centrale, politique dotée d'un contrat d'objectifs » pour venir à bout du phénomène, a déclaré le Pr Griene, président de la Société algérienne d'évaluation et de traitement de la douleur (SAETD), organisatrice du troisième congrès national coïncidant avec la cinquième journée d'information pour la lutte contre la douleur de Biopharm, à la Bibliothèque nationale (Hamma). La lutte contre la douleur doit désormais relever du droit. C'est ainsi qu'un appel est lancé aux autorités sanitaires pour considérer et déclarer la douleur comme étant une maladie à part entière et requiert un plan national et la création de centres de prises en charge au niveau du territoire national. « Il n'est plus possible de laisser souffrir les malades », a-t-il martelé en relevant qu'il y a beaucoup d'insuffisances auxquelles il faut pallier, notamment en matière d'enseignement. Pour le Pr Griene, le ministère de l'Enseignement supérieur doit impérativement introduire l'enseignement du problème de la douleur dans le cursus universitaire à des spécialistes, aux résidants et aux infirmiers. Quant aux insuffisances thérapeutiques, il recommande la démystification des médicaments du tableau B, tels que la morphine. « Il y a aussi une incohérence dans la démarche thérapeutique », a-t-il précisé en signalant que « le centre antidouleur du Centre Pierre et Marie Curie est débordé. Depuis sa création en 1999, nous avons une progression exponentielle des consultations. Même si nous enregistrons des satisfactions, il reste beaucoup à faire », a-t-il indiqué. Il a ainsi invité ses confrères à s'inspirer des schémas de la prise en charge de la douleur recommandés par l'OMS, selon les trois paliers. Pour le professeur Griène, la douleur « n'est pas l'apanage de spécialistes, c'est surtout l'expression d'une collégialité qui implique aussi et surtout les pouvoirs publics », a-t-il ajouté en proposant de travailler avec synergie dans le cadre d'une convention nationale avec l'ensemble des acteurs. « Le douloureux représente l'actualité de la médecine », a-t-il souligné. Il a en outre insisté sur le changement des comportements et mentalités pour « amener les malades à ne plus accepter la douleur ». Le congrès a centré sa réflexion sur trois thèmes d'actualité en médecine et en société : les douleurs en rhumatologie, les douleurs induites (postopératoires ou après traitement), les douleurs cancéreuses et les douleurs neuropathiques. En rhumatologie, le Pr Ladjouze, chef de service de rhumatologie de l'hôpital de Ben Aknoun, a noté que les rhumatismes inflammatoires chroniques et l'arthrose sont en premier plan des causes des douleurs chroniques. Une prise en charge pluridisciplinaire serait, selon elle, l'idéal. La douleur induite par la radiothérapie ou les traitements médicamenteux a été au centre des débats. Les travaux de ce troisième congrès prendront fin aujourd'hui.