Il y est ? Il n'y est pas ? Hors jeu ? Fiha ? Mafihach ? Que de questionnements à propos des listes des candidats devant représenter leurs partis aux prochaines législatives. C'est hajouj wa majouj. Les pronostics s'établissent selon l'appartenance tribale des personnages lancés dans les éliminatoires des courses, leurs accointances avec les responsables politiques locaux, le poids des billets donnés en échange d'un bon classement ou d'un f'tour bien arrosé… « On vient d'apprendre que tu es deuxième » You ! you ! you ! Boufeldja est tombé en syncope « Jibou l'ma, il risque de passer l'arme à gauche et son siège au parlement sera vide. » C'est de l'intox, y a rien d'officiel. Boufeldja ouvre un œil, puis le deuxième. On lui dépoussière le pantalon mis le matin. Ouf ! Et puis, soudain, la dernière dépêche tombe tel un couperet « ça y est, galou Boufeldja makanch fa lista, mafihach, laâbouhalah ! walou » Tfou… Boufeldja se renverse sur le dos, cassant dans sa chute la chaise du cafetier. Ce dernier l'agrippe en rageant « Ainsi donc, tu ne seras pas député, alors, ou tu payes les consommations des dix derniers jours ou je te transforme en café arabica bien moulu ». Alors que Boufeldja récite la chahada, à quelques mètres de là, les indépendants peinent à boucler leurs listes. « tfadlou, zidou, ici c'est la transparence, l'alternance du pouvoir, ici, soyez sur notre liste batel, gratis ». Avant de pousser son ultime râle, Boufeldja lève la main, puis le doigt, puis… rien. Boufeldja est passé de vie à trépas, alors que les listes ne sont pas encore portées à la connaissance du public…