Le secrétaire général du FLN est revenu sur l'ensemble des questions de l'heure. À commencer par les prochaines élections législatives du 17 mai. Précisant qu'il s'exprimait en sa qualité de responsable de parti et non pas de Chef du gouvernement, “absent pour une heure et demie”, a-t-il ironisé. Il a indiqué, en réaction aux pronostics de ses deux partenaires de l'alliance présidentielle, Ahmed Ouyahia et Abou Djerra Soltani, sur les résultats des législatives que “le FLN remportera la majorité”. “Ce qui me réjouit, c'est que les leaders des deux partis nous concèdent la première place aux élections. L'un dit qu'il sera la deuxième force politique et l'autre mise sur une centaine de sièges, mais aucun d'eux ne dit qu'il sera le premier”, explique-t-il notant que “c'est un aveu de leur part que le FLN est enraciné dans la société”. L'optimisme de Belkhadem par rapport au verdict des urnes, le 17 mai prochain, est en rapport, dit-il, avec les compétences, les cadres ainsi que la richesse de l'histoire du FLN. “Le jeu électoral n'est pas fermé” Sollicité pour réagir aux propos de ceux qui disent que le jeu électoral est fermé, le patron du FLN a rejeté cette lecture, martelant que “le jeu électoral n'est pas fermé !” Son argument est qu'il “y a 24 partis politiques en lice pour les législatives, en plus des listes des candidats indépendants”. L'hôte du Forum de l'ENTV a, dans ce cadre, regretté le boycott du FFS : “Nous croyons que la participation des partis de l'opposition renforce la crédibilité du vote et que son rôle au Parlement est positif.” “L'Etat est fort avec ses institutions et son opposition”, note-t-il encore. Le premier responsable du FLN a insisté sur “l'éthique qui doit gouverner l'action politique” de manière générale et particulièrement lors des rendez-vous électoraux. “La corruption politique existe là où se mélangent argent et politique. Nous avons remarqué, lors du renouvellement partiel du Conseil de la nation, que des voix s'achetaient et se vendaient comme au marché. La politique est avant tout une question d'éthique”, a-t-il soutenu. Au FLN, “nous avons été très réticents à la candidature de ceux qui possèdent des fortunes, de manière à ne pas altérer la mission politique des (futurs) députés”, dit-il. Et d'expliquer : “De toute façon, les candidats qui seront élus seront tenus de déclarer leur patrimoine.” “J'assume entièrement la sélection des candidats” Les questions liées aux choix des candidats FLN aux législatives, leur position sur les listes électorales, tout comme la contestation qui s'en est suivie ont été nombreuses. Belkhadem a, à ce propos, tenu tout d'abord à expliquer la difficulté de choisir les candidats. “Il y a 4 800 militants qui ont stipulé pour porter les couleurs du FLN aux législatives et n'ont été retenus que 400, ce qui fait, naturellement, des mécontents”, a-t-il indiqué. À ce propos, et pour faire état de l'ampleur de la contestation au sein du parti, le patron du FLN a dévoilé que sur la pétition élaborée par les mécontents, il “n'y a que 231 signatures sur les 4 400 candidatures non retenues sur les listes électorales. Ils ne sont donc que 5% de ce nombre total”. Le patron du parti fera remarquer, cependant, que “ceux qui ont été retenus sur les listes du FLN ne sont pas forcément meilleurs que ceux qui ont été rejetés”. “Le problème c'est que le système de sélection des candidats a été difficile et s'est basé sur un système de notation. Il y a eu une première notation portant sur l'expérience professionnelle, le niveau d'instruction, le nombre de mandat, le poste de responsabilité, puis une deuxième notation, politique celle-là, pour déterminer le profil de ceux qui devraient être choisis pour devenir député”, dit-il avant de poursuivre qu'“il est question de choisir des gens qui seront appelés à être des vice-présidents d'APN, des présidents de commissions, des gens qui iront en mission à l'étranger ainsi que des gens qui recevront des délégations étrangères, c'est pour cela que nous avons choisi des gens ayant de l'expérience”. Accusé d'avoir placé des candidats âgés sur les listes électorales, le leader du FLN, tout en démentant cette attitude, a étayé ses dires par les chiffres : “13% des candidats FLN sont des femmes, 13% ont moins de 40 ans, la majorité des candidats a un âge compris entre 40 et 50 ans et que 75% d'entre eux ont un niveau universitaire.” Belkhadem est, à ce propos, convaincu du bien-fondé de son choix de candidatures, et comme pour le prouver, il lancera tout de go : “J'assume entièrement la sélection des candidats.” Interrogé sur “l'ambiguïté” que pourrait créer la participation de ministres aux élections, comme c'est le cas pour 15 têtes de liste du FLN, Belkhadem a rétorqué que “rien dans la loi ne l'interdit”. “Nous sommes réconciliateurs, réconciliateurs et réconciliateurs jusqu'à la mort” La réconciliation nationale a-t-elle échoué après les attentats terroristes du 11 avril ? “La réconciliation nationale n'a pas échoué, bien au contraire, elle a permis le retour de la paix et de la sécurité dans le pays. Des milliers d'hommes armés sont descendus des maquis, et la capacité de nuisance de ceux qui refusent de faire pareil est devenue très réduite”, a-t-il observé, en rappelant que “nous sommes très loin de l'époque des massacres collectifs, mais ce retour à la paix a fait que nous avons relâché notre vigilance”. Le patron du FLN fera, cependant, remarquer que “nous devons rester vigilants pour que les poches du terrorisme, qui subsistent, ne nous prennent pas par surprise”. M. Belkhadem a salué le “rejet par le peuple algérien du terrorisme et son attachement à la réconciliation nationale”, à travers les manifestations qui ont eu lieu mardi dernier. Interrogé sur les déclarations de Amara Benyounès, le secrétaire général de l'UDR qui lui a reproché son étiquette de réconciliateur, Belkhadem s'est voulu offensif. “Les gens qui sont dans l'informel dans la politique, il faut d'abord qu'ils aient l'agrément au lieu des ventres porteurs”, note-t-il avant de marteler : “Nous sommes réconciliateurs, réconciliateurs, réconciliateurs jusqu'à la mort !” Sollicité une nouvelle fois pour réagir par rapport à Amara Benyounès qui doute de sa dénonciation du terrorisme, Belkhadem aura cette réponse : “Celui (Benyounès) qui est contre les marches populaires, que voulez-vous que je lui réponde ? Il s'est même attaqué à moi personnellement, mais que va-t-il gagner ?” s'interroge-t-il avant de répondre que “la politique est une morale et qu'en l'occurrence, il ne gagnera rien !” “De toutes les façons, les gens qui tiennent leur congrès dans des cabines téléphoniques ne nous font pas peur !” conclut-il. Le patron du FLN a, par ailleurs, qualifié d'“inacceptable, immoral et non diplomatique” la note lancée par l'ambassade des Etats-Unis à Alger au lendemain des attentats, selon laquelle d'autres attaques pourraient se produire dans la capitale dans des lieux précis. “Le Président va bien” Sollicité à propos des absences répétées du président de la République, le secrétaire général a répondu par une interrogation : “Le Président est absent, d'où ?” Avant d'expliquer que le Président “était récemment à Constantine et il reçoit constamment des représentants diplomatiques”. Interrogé également à propos de la santé du Président, l'intervenant répondra en disant que “le Président va bien”. À propos du remaniement ministériel qu'il avait récemment souhaité, mais qui n'est pas intervenu, il a rappelé que la décision dans ce domaine est du ressort du président de la République. “Peut-être a-t-il estimé que le moment n'est pas encore venu”, pense l'orateur. Interrogé dans la foulée à propos de sa candidature aux législatives, Belkhadem, qui la lie aux changements qui interviendront à l'issue des législatives, dira : “Je n'ai pas voulu me porter candidat car je veux laisser la liberté au Président pour désigner celui qui chapeautera le gouvernement à l'issue des législatives, car je vous rappelle que nous tenons encore à la révision constitutionnelle et à l'impératif que le pouvoir exécutif soit unicéphal.” Au sujet des augmentations de salaires, qualifiées de “démagogiques” par ses adversaires politiques, Belkhadem estime que le plus important pour son parti est que les travailleurs en soient bénéficiaires. Il annonce aussi d'autres augmentations à la faveur de la mise en œuvre des statuts particuliers de la Fonction publique. NADIA MELLAL